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Yvelines. Gargenville : l'ébéniste d'art a de l'or au bout des doigts mais pas dans les poches

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Ce week-end, Arnaud Carpentier ouvrait les portes de son atelier.

Le week-end passé, Arnaud Carpentier ouvrait les portes de son atelier situé à Gargenville (Yvelines).

« C’est un beau métier mais je ne conseille pas aux enfants de le faire. » Le week-end passé, Arnaud Carpentier ouvrait les portes de son atelier, niché au fond de son jardin, pour les Journées européennes des métiers d’art. Depuis une trentaine d’années, cet habitant de Gargenville (Yvelines) est ébéniste d’art, spécialisé dans la restauration des meubles anciens.

Les clients ne se bousculent plus

Un secteur en proie actuellement à de sérieuses difficultés. En deux décennies, depuis qu’il s’est mis à son compte, l’artisan a vu son carnet de commandes considérablement s’amoindrir. Actuellement, il édite environ 50 factures par an pour des chantiers à quelques centaines, voire quelques milliers d’euros. Bref, il peine à joindre les deux bouts.

Un passage à vide qui s’explique par un contexte économique défavorable.

« Depuis la crise de 2008, ceux qui avaient les moyens préfèrent économiser pour aider leurs enfants, selon ce professionnel. Donc ils négligent l’entretien de leur patrimoine mobilier. »

Mais aussi par l’évolution des modes de vie et de consommation. « Ceux qui spéculaient sur les meubles anciens mettent maintenant leur argent dans les tableaux, les voitures ou en bourse, poursuit-il. Puis on est dans une société de l’éphémère et les gens passent moins de temps chez eux. Il y a un désamour du mobilier. »

Cet exemple illustre toute la problématique. En 1998, une commode achetée 1 000 euros par un antiquaire pouvait être revendue 6 000 euros. Aujourd’hui, ce même meuble repris à 350 euros finit à 100 euros sur Le Bon Coin.

Et pourtant, ce quinquagénaire, passionné par ce qu’il fait, a de l’or au bout des doigts. Parmi ses faits d’arme les plus notables, il compte la restauration d’un bureau Louis XV datant du XVIIIe siècle. 400 heures de travail, en binôme avec un autre ébéniste, chez un collectionneur de Versailles au début des années 90. Il était salarié à l’époque. « On a travaillé à partir de fiches techniques rédigées en vieux Français. On a dû se documenter pour comprendre, rechercher les procédés de l’époque et retrouver des essences identiques », explique-t-il.

Ne pas faire du neuf avec du vieux

La subtilité de son travail n’est pas de faire du neuf avec du vieux, mais de redonner son allure d’origine à un meuble ancien. Cela implique d’adapter ses méthodes de travail pour ne pas sombrer dans l’anachronisme. Et de laisser apparaître des défauts qui font le charme de l’authenticité.

« Après mon passage, on peut tout démonter, comme à l’origine. J’utilise une colle réversible, pas de clou, pas de vis, précise l’artisan, diplômé d’un CAP d’ébénisterie qui a étayé son expérience par diverses formations. Quand je greffe des pièces pour remplacer une partie endommagée, c’est en utilisant le même type de bois que d’origine. »

Il exerce sur des meubles vieux de quelques siècles, comme sur du mobilier quasi-contemporain, datant des années 1950. Sa clientèle est composée de marchands de meubles et de particuliers. Ces derniers viennent par exemple faire remettre en état le guéridon qui se transmet dans la famille depuis plusieurs générations.

Cependant, l’ébéniste craint de voir son métier disparaître, avant même qu’il ait atteint l’âge de la retraite. Mais « la passion » ne le fait pas regretter « son choix » et le train de vie modeste qui va avec.

Pratique : son atelier est situé au 10, rue Marcelle-Chausson. Tél. : 01 34 97 18 60. Arnaud Carpentier sera invité d’honneur du 10e salon artisanal et gourmand de l’association Y’a d’la joie, samedi 13 et dimanche 14 avril, de 10 h à 18 h 30, à la salle des fêtes. Entrée gratuite.


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