Gressey (Yvelines) est vent debout contre l’implantation d’une ferme aux 40 000 poules. Cet élevage en plein air devrait s’étendre sur une vingtaine d’hectares, en sortie de ce village de 550 habitants et à 200 mètres des premières habitations. Il fait l’objet d’un permis de construire, actuellement à l’étude, et d’une demande d’exploitation, déposée en préfecture, pour laquelle une consultation est ouverte au public jusqu’au 15 avril (registre en mairie ou écrire en préfecture).
De 35 000 à 38 000 œufs par jour
Dans le village, le projet est très contesté. Les habitants croisés dans les rues sont intarissables sur les nuisances causées par une telle structure. Selon des estimations, les 40 000 poules produiront entre 35 000 et 38 000 œufs par jour. « Ça va être le bazar avec tous les camions qui vont défiler », s’agace Monique, 86 ans. « Ce site dominera le village. Il sera installé à côté d’un point de vue remarquable. Ça dénaturera le paysage, c’est certain », grince Nicole.
« Ça va caqueter à longueur de journée, pas comme si ça n’était que quelques poules, réagit Gérard. On ne vient pas à la campagne pour être embêté par un élevage industriel de la sorte. »
Les « odeurs », autre sujet de préoccupation. Alice, dont l’habitation est toute proche du site concerné, les subira de plein fouet. Encore plus au moment où les fientes seront charriées, soit deux fois par an : « À la ferme on est habitué à ça, mais quand même… », souffle la vieille dame, qui a elle-même élevé des poules par le passé.
Ces riverains s’inquiètent aussi pour la valeur de leur maison. Des craintes confirmées par deux agences immobilières de la région. « L’environnement a forcément un impact. Un bien n’est pas au même prix situé au bord d’une grande route ou situé dans un coin tranquille », résume une professionnelle du secteur, qui ne peut pas donner de chiffres précis.
La question de la pollution des sols
Un collectif d’opposants au projet s’est constitué. « 40 000 poules, ça n’est pas anodin. Les fientes vont polluer les sols et les nappes phréatiques », redoute Jean-Pierre, l’un de ses membres.
Au début du projet il y a un an, M. Lecoq, chef d’entreprise à l’origine du projet, s’est invité à une réunion de village pour discuter avec les habitants. « Il n’a pas répondu à nos questions sur les risques sanitaires et chimiques », déplore Denis Gliksman, à la tête du collectif. « On lui a demandé de chercher d’autres parcelles, loin des habitations. Il n’a pas donné suite », ajoute Jean-Pierre.
Jean-Claude et Ginette, du village voisin de Boissets, y sont, eux, favorables. « Il y aura certes des nuisances, mais ce sera cadré, estime le retraité. Si ça peut nous éviter de manger des œufs provenant de l’autre bout du monde, tant mieux. »
Le maire a écrit à l’entrepreneur pour lui dire qu’il n’était pas favorable
Le permis de construire, qui concerne une surface de quatre hectares, doit être instruit sous quinze jours par les services de la mairie. Valéry Bertrand, le maire, constate une « forte mobilisation » des habitants contre cet élevage. « Il y a un an, l’entrepreneur m’avait fait part de son projet par courrier. J’avais répondu que je n’y étais pas favorable », confie-t-il.
Ce projet relève de la catégorie des installations classées pour l’environnement (ICPE). Il comprend un bâtiment d’élevage de 2 700m2, un autre de 455m2 pour le stockage des fientes, ainsi que des installations techniques. Contacté, M. Lecoq n’a pas donné suite à nos sollicitations.