La SCEA (Société civile d’exploitation agricole) ferme d’Olivet, basée à Gambais (Yvelines), compte installer un projet d’élevage avicole de 40 000 poules en plein air, sur la commune de Gressey (Yvelines), où elle possède des parcelles de terre, pour une superficie totale d’environ 20 hectares.
La mairie de cette petite commune de 545 habitants a été informée de l’émergence du projet, au mois d’avril 2018 par un courrier informel, auquel elle a répondu par un avis défavorable. Six mois plus tard, le permis de construire leur est déposé. La préfecture, de son côté, ouvre une consultation au public, organisée à la mairie depuis le 18 mars, jusqu’au 15 avril.
Inquiétude des habitants
Les avis exprimés dans cette consultation publique sont quasiment unanimes. Les habitants du village se mobilisent, tous ensemble, pour exprimer leur ferme opposition au projet. Dominique, habitant de la commune, fait partie de ceux qui sont venus écrire quelques mots ou remplir une page entière des cahiers à disposition :
Je suis absolument contre le projet, par crainte de l’impact écologique. Selon moi, l’utilisation de produits et les fientes pourraient polluer la nappe phréatique. En plus de tout ça, il y a aussi un risque de grippes aviaires. »
D’autres riverains pointent « les nuisances sonores et les risques d’odeurs qui pourraient perturber le quotidien mais aussi une destruction du paysage ». En effet, le projet prévoit la réalisation d’un bâtiment d’élevage de 152m de long, pour 18 de large, accompagné d’un bâtiment de stockage de fientes de 455 m². Le tout à 224 mètres de la première habitation.
Selon les plans présents sur la table à l’entrée de la mairie, la hauteur des différents bâtiments atteindrait 8,80 mètres, soit environ à la même hauteur que les arbres du bois privé de la forêt de Bonneville, situé juste à côté du lieu concerné. La superficie totale s’étale donc sur 4,5 hectares. Or, une loi demande à ce que, dans ce type d’élevage, chaque poule possède 4m² de surface au sol, ce qui nécessiterait donc 16 hectares pour 40 000 poules.
Permis de construire et d’exploiter nécessaires
Un autre point inquiète l’ensemble des habitants de la commune, les accès au site mais aussi le risque de passage incessant de camions. « Les routes devraient aussi être refaites et goudronnées au milieu des champs », selon Denis Gliksman, président de l’association Gressey Village qui combat farouchement le projet. Enfin, le gibier, sanglier, cerf, biche ou chevreuil, pourrait fuir en raison de la présence du poulailler géant, et donc perturber l’activité des chasseurs présents sur le territoire.
S’il ne peut communiquer sur le fond du sujet en raison de l’instruction en cours, Valéry Bertrand, maire de la commune, souhaite faire passer l’intérêt de son village avant tout :
Je souhaite que Gressey garde son caractère rural. Et pour cela, je reste très à l’écoute de mes habitants. »
Martine Schneider, première adjointe, est de son côté très inquiète de cette installation possible :
C’est très préoccupant, car cela pourrait mettre un terme à la plaine bucolique qui caractérise notre commune. Cela ne nous réjouit pas du tout. »
Dans les prochaines semaines, le maire et son conseil municipal devront rendre leur décision concernant la demande de permis de construire, tandis que Jean-Jacques Brot, préfet des Yvelines, aura lui à statuer sur la demande de permis d’exploiter déposée par les agriculteurs gambaisiens.
Un des fermiers de la ferme d’Olivet rencontré à Rambouillet lors de la manifestation pour défendre la ruralité et la chasse ne comprend pas les réactions. « Une poignée de personnes m’empêche de développer mon activité. Alors qu’il s’agit de développer le circuit court qui correspond à une demande, avec un élevage de volailles en plein air. » Sa cause était soutenue par des agriculteurs et des chasseurs présents à Rambouillet.
Arnaud Neuveux