Au cœur d’une rétrospective sur soixante ans de critiques de cinéma, le journal Le Monde place Les Parapluies de Cherbourg parmi les cent chefs d’œuvre chroniqués par le fameux quotidien du soir.
Pour l’occasion, Le Monde publie sa critique du film, parue pour la première fois le 21 février 1964 :
Ce qui compte, c’est la poésie profonde de l’œuvre. Ce film est un film de poète. Et c’est pour cela, avant tout, que nous l’aimons.
Une part de l’histoire de Cherbourg
En 1963, Jacques Demy est venu à Cherbourg mettre en image le plus fou de ses projets: un film totalement « en chanté ». Les adieux déchirants de Catherine Deneuve à Nino Castelnuovo sur le quai de la gare émeuvent comme la fin d’un premier amour.
Le Monde écrit :
Dans les contes pour grandes personnes, les miracles sont toujours un peu tristes. Ce ne sont, comme dans la vie, que des miracles au rabais.
Une ville sublimée
A Cherbourg, il pleut comme il pleure depuis que Jacques Demy et Michel Legrand ont sublimé la ville comme jamais.
A jamais, les couleurs des Parapluies de Cherbourg abritent les coeurs transis.
Les maisons y ressemblent aux maisons des dessins d’enfants. Plus de murs gris et noirs, mais une symphonie de vermillon, d’amarante, de jonquille, de safran, d’indigo, de lilas. Dans ce Cherbourg imaginaire, la pluie est argentée, la fumée opaline, les affiches déchirées deviennent des banderoles, les tessons de bouteille des émeraudes. Les passants, les animaux eux-mêmes participent à l’harmonie générale.