« L’idée est vraiment d’être des facilitateurs de dialogue. Nous ne cherchons pas à prendre la place des politiques, mais nous pensons que l’Eglise a un rôle spécifique à jouer dans cette perspective de construire une société qui fasse une place à tous. » A quelques jours de Noël, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France évoque la crise dite « des gilets jaunes » : « crise révélatrice d’un malaise très profond et très ancien, qui engendre une grave défiance envers les responsables politiques. »
Appel au dialogue
Pour les évêques, qui lancent un appel au dialogue aux Français, « il serait à coup sûr très dommageable que cette situation délétère se prolonge. Mais chacun sent, plus ou moins confusément, que la sortie de crise sera difficile car les enjeux sont tout autres que conjoncturels : il en va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir l’avenir. »
Dans leur texte, les membres du Conseil évoquent «la lassitude, les frustrations, parfois les peurs et même de la colère, intensifiées par les attentats et les agressions, qui habitent une part importante des habitants de notre pays, et qui expriment ainsi des attentes et de profonds désirs de changements. Il faudrait être indifférents et insensibles pour ne pas être touchés par les situations de précarité et d’exclusion que vivent beaucoup sur le territoire national ».
Manque de lieux d’échanges
Les évêques constatent aussi que notre démocratie manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble.
L’affaiblissement de nombreux partis politiques et un recul significatif de l’engagement syndical contribuent à ce déficit. Où nos concitoyens trouveront-ils des lieux appropriés pour ce travail si urgent ? »
Mais l’Église catholique dispose d’un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble de notre territoire et riches de la présence de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles. « Lieu de prière, en particulier liturgique, la paroisse est aussi par nature et par vocation la « maison de famille fraternelle et accueillante » pour tous et la « famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme »
La proposition. « C’est maintenant que nos concitoyens ont besoin de débattre entre eux et de disposer de lieux pour le faire. C’est pourquoi nous vous proposons, dans les semaines à venir, de susciter partout où ce sera possible des groupes d’échanges et de propositions en invitant très largement d’autres personnes, partageant ou non notre foi, qui peuvent être intéressées d’y participer et d’y apporter leurs idées. Pour ce travail, à titre de pistes de réflexion, nous vous suggérons les cinq questions suivantes :
1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?
2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?
3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?
5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ? »
Dans le diocèse du Jura, les débats vont pouvoir s’organiser en s’appuyant sur les paroisses et les multiples mouvements, aumôneries et associations d’Eglise. Les réponses recueillies pourront être transmises aux élus.