Peur sur l’Ifa Adolphe-Chauvin. Lundi 17 décembre, les élèves de l’Institut de formation des apprentis d’Osny (Val-d’Oise) ont bloqué l’accès de leur établissement. Ils dénoncent la « décision » prise le 5 décembre par la Cci Paris Île-de-France, propriétaire de la structure osnyssoise, de fermer l’ensemble des formations industrielles. Du Cap électricien au bac métiers de l’électricité jusqu’aux Bts électrotechnique et maintenance.
Un épilogue qui doit intervenir, selon les représentants du personnel, « à échéance de deux ans ». La filière vente-commerce, elle, pourrait être transférée dans le bâtiment Cap Cergy, où la Cci dispose de locaux.
Lettre à Emmanuel Macron
Pour Hayat Sadiq, formatrice en éco-gestion et déléguée syndicale Cgt, il s’agit purement et simplement « de l’abandon de l’apprentissage dans le domaine de l’industrie dans l’ouest valdoisien ».
Cette fermeture met en péril l’avenir professionnel de près de 200 apprentis, stigmatise la professeur. Aucune solution de repli ne nous a été proposée, on nous annonce une fermeture sèche. Les apprentis n’auront plus la possibilité de poursuivre leurs études sur le bassin de Cergy-Pontoise. »
Chez les élèves, c’est le désarroi. « Je ne pourrai pas faire mon Bts ici », regrette Axel. « Est-ce qu’avec cette annonce, les profs ne vont pas chercher du travail ailleurs et partir dès l’an prochain. Est-ce qu’on aura assez de profs ? », s’interroge un autre.
Des craintes que la rencontre entre une délégation d’élèves, la direction de l’Ifa et Tristan Gillouard, directeur de l’apprentissage à la Cci, n’a pas permis de dissiper. Une nouvelle entrevue doit se tenir le 15 janvier.
Pour les apprentis, l’enjeu est clair : réussir à arracher un nouveau point de chute sur le territoire de Cergy-Pontoise. Afin de les alerter du mauvais coup porté à l’apprentissage, les représentants du personnel de l’Ifa ont adressé une lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron ainsi qu’à plusieurs élus valdoisiens.
Rien n’est arrêté selon la Cci
Du côté de la Cci Paris Île-de-France, on assure que rien n’est arrêté.
Pour l’instant, aucune décision n’est prise. On étudie différents scénarios parmi lesquels il y a la perspective de transférer la filière industrielle, précise Tristan Gillouard. La nouvelle loi sur l’apprentissage va bouleverser les modalités de financement de l’apprentissage et remettre en cause la capacité financière de la Cci. Tout doit être envisagé : transférer les formations industrielles sur d’autres sites, qui ne sont pas forcément à proximité, comme celui de la Porte des Lilas ou d’Aubergenville (Yvelines) ou rester sur le territoire grâce à un partenariat avec d’autres structures. La décision sera prise lors de notre assemblée générale, en avril 2019. »
Concernant la filière vente-commerce, là aussi, plusieurs scénarios sont à l’étude selon la Cci, parmi lesquels un transfert vers le bâtiment Cap Cergy. La décision tombera également au printemps prochain.
Si les deux filières venaient à déménager, l’Ifa Adolphe-Chauvin deviendrait une coquille vide. Actant, de fait, la fermeture définitive d’un site jugé trop vieillissant et dont la mise en vente serait alors inéluctable.
C’est un site qui demande beaucoup d’investissement. Il faut 13 millions d’euros pour le rénover et la Cci n’en a pas les moyens financiers, confie Tristan Gillouard. On garantit aux jeunes qu’ils pourront terminer leurs formations. C’est ce qu’on leur doit. On va essayer de trouver des solutions sur le territoire, mais il y a une contrainte financière à prendre en compte. »