Après le drame de Notre-Dame de Paris, tous les regards sont tournés vers les enquêteurs en charge des investigations sur l’incendie qui a détruit une partie de la célèbre cathédrale. Les projecteurs sont aussi braqués sur une petite PME familiale basée dans l’est de la France, en Lorraine, chargée du chantier de rénovation de l’édifice.
Elle était à la tête du chantier de la charpente du monument : Le Bras frères, spécialisée dans la rénovation des cathédrales, basée à Jarny (Meurthe-et-Moselle) à l’ouest de Metz.
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Une entreprise « familiale » implantée près de Metz
La société familiale fondée en 1954 affirme sur son site internet être « spécialisée en charpentes et couvertures » pour être « au service des collectivités, entreprises et particuliers pour des travaux de restauration du patrimoine ».
Le Bras Frères compte aujourd’hui près de 180 personnes. L’entreprise a aussi une filiale Europe Échafaudage également implantée à Jarny. L’activité est répartie parmi plusieurs domaines de compétences : charpentes de monuments historiques, couvertures, pierres de tailles ou encore couvertures métalliques.
Le Bras Frères est spécialisé dans la restauration de bâtiments historiques. Nos qualifications reconnues par l’État « Agrément Monuments historiques » nous permettent d’intervenir sur les plus beaux monuments européens. Notre savoir-faire s’étend de la pierre de taille à la couverture en passant par la charpente. Nous sommes disposés à répondre en lot unique.
La société était en pleine expansion. En janvier 2018, elle avait même investi cinq millions d’euros dans de nouveaux équipements industriels (comme un robot d’assemblage de murs à ossature bois) et dans l’extension de ses ateliers.
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D’autres rénovations de cathédrales
La société lorraine est connue pour avoir participé à la rénovation de plusieurs grandes cathédrales françaises : Reims, Strasbourg, Poitiers, Metz, ou encore Orléans mais aussi des châteaux (notamment Lunéville frappé par un violent incendie en 2003)
Elle s’est également chargée d’une partie du Panthéon à Paris : la couverture du dôme de la nef, les armatures, le tambour et sa base. Ses échafaudages ont également entouré la colonne Vendôme et elle s’est occupée de la toiture de la chapelle royale au château de Versailles.
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Où en était le chantier de rénovation avant l’incendie ?
Le 11 avril dernier, quatre jours avant l’incendie, les journalistes du 20 heures de TF1 ont consacré un long reportage aux travaux de rénovation de Notre-Dame.
Les statues de cuivre des apôtres, auxquelles les têtes sont retirées pour faciliter leur déplacement, avaient été démontées de la cathédrale pour être restaurées.
Le chantier avait débuté il y a un an en 2018. L’échafaudage de 250 tonnes, qui a résisté à l’incendie, a été monté autour de la toiture du monument. Un ascenseur quant à lui avait été monté pour permettre d’accéder au pied de la flèche, détruite par les flammes. Les ouvriers devaient d’ailleurs installer une structure autour de cette pièce maîtresse très prochainement pour sa rénovation.
Didier Cuiset, directeur d’Europe Échafaudage, expliquait quant à lui que des poutres en bois de la charpente étaient en train d’être renforcées pour supporter le poids de l’échafaudage.
Les travaux de rénovation étaient prévus pour encore dix ans.
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Les procédures de sécurité ont été « respectées », assure l’entreprise
Le patron de l’entreprise meurthe-et-mosellane est sorti de son silence ce mardi 16 avril en donnant un bref point presse, retransmis notamment par BFMTV. Julien Le Bras a assuré :
L’ensemble de nos collaborateurs œuvrent à l’enquête sans aucune réserve. Nous voulons faire toute la lumière sur ce drame.
« Tout ce que je peux vous dire pour le moment, c’est qu’au moment du départ de l’incendie, absolument aucun des salariés de ma société n’était présent sur site », a-t-il poursuivi. « L’ensemble des procédures de sécurité ont été respectées », selon lui.
Julien Le Bras (Europe Échafaudages): "Il n'y avait absolument aucun ouvrier au moment de l'incendie" de Notre-Dame pic.twitter.com/wYwcqFU7rn
— BFMTV (@BFMTV) April 16, 2019
Du côté de l’enquête, Rémy Heitz, procureur de la République de Paris, a affirmé que la piste accidentelle était privilégiée. « Rien, en l’état, ne va dans le sens d’un acte volontaire », a-t-il dit lors d’un point presse sur le parvis de la cathédrale mardi.
Le procureur a expliqué que des auditions de témoins étaient actuellement en cours.
Une quinzaine d’ouvriers intervenaient lundi sur le site, et sont auditionnés. « Tous les moyens seront mis en œuvre pour connaitre la vérité », a déclaré le procureur, précisant que la DRPJ (Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris) avait mobilisé « près de 50 enquêteurs » pour ce dossier.
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