Avec ses vitraux et ses fenêtres néoclassiques, le temple du Salin illumine la vieille place éponyme. Mais au XIIIe siècle, le premier bâtiment y abrite la Trésorerie royale.
L’édifice accueillait les rois
Un vaste ensemble de 2 515 m2, au cœur du pouvoir temporel et juridique de la cité, entouré par l’ancien Château Narbonnais, la Sénéchaussée, la Viguerie, la prison des Hauts-Murats et le tribunal de l’Inquisition. Une tour carrée, de plus de 20 mètres de haut, flanquée de deux ailes à angle droit, est érigée vers 1272, à l’occasion du rattachement définitif du Comté de Toulouse au royaume de France.
À partir du XVe siècle, l’édifice accueille les rois lors de leur passage à Toulouse, à l’instar de Louis XI. Impressionné par les dégâts considérables provoqués par un incendie survenu trois semaines avant son arrivée, le souverain accorde à l’été 1463 à la ville une exonération des tailles pour 100 ans.
De la congrégation des « Dames du Sac » au temple de Léon Daures
À la Révolution, la Trésorerie devient propriété de l’État. Mais en 1807, les religieuses de l’ordre de Notre Dame dites « Dames du Sac », chassées de leur couvent situé à l’emplacement de l’actuel Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse à Saint-Pierre, rachètent le bâtiment contigu au prieuré et à l’église Saint-Antoine-du-Salin.
Elles y restent près d’un siècle jusqu’à la dissolution de leur congrégation en 1904. Joseph Pitorre, un entrepreneur et Théophile Berry, un négociant protestant et membre du conseil presbytéral rachètent le bien le 19 mai 1906 avant de la céder deux ans plus tard à l’association cultuelle de l’Église Évangélique de Toulouse qui cherche un nouveau lieu.
Réaménagement en 1909
En 1909, l’architecte Léon Daures est chargé de réaménager l’ancienne chapelle du couvent en un temple, dans un style néo-gothique. Il fait appel à l’artiste verrier Calmels ou encore au sculpteur Jean Mauguet, qui se signale en particulier par la réalisation de la grande rosace de pierre blanche.
L’orgue de Jean Daldosso
En 1922, le temple se dote d’un orgue Puget, la rolls des orgues, à transmission tubulaire. Mais au fil des ans, l’instrument perd de sa résonance avant d’être rangé au rayon des souvenirs.
Tout en conservant la façade du buffet de Jean-Baptiste Puget, mobilier inscrit aux monuments historiques, l’association des Amis de l’Orgue du Temple du Salin (AOTS) fait appel à Jean Daldosso, un facteur d’orgues de Gimont (Gers), réputé pour ses remarquables restaurations à Saint-Vincent de Carcassonne ou à la cathédrale de Murcie, en Espagne. En 2005, il y livre, en accord avec la Commission des Orgues Neufs des Affaires Culturelles, un instrument exceptionnel de 25 jeux avec deux claviers de 36 notes, un pédalier indépendant de 32 notes, une boîte d’expression et un combinateur.
Un orgue apprécié
Ses qualités de conception, de mécanique et d’harmonie, qui permettent l’exécution de tous les répertoires, du plus classique au plus contemporain, en font un orgue apprécié et visité par les organistes du monde entier.
Mathieu Arnal