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Du rugby aux Paralympiques 2024 : l'objectif fou de Romain Gauci

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Romain gauci va tenter de se qualifier aux Paralympiques 2024 à Paris.

Romain Gauci va tenter de se qualifier aux Paralympiques 2024 à Paris. (©Laurie Magnino)

Romain Gauci est déficient visuel. Il a, malgré son handicap, joué pendant 26 ans au rugby. Cette saison était sa dernière, et il a pu « boucler la boucle » en finissant dans son club d’enfance, l’AL Échirolles. Retraité du ballon ovale, Romain cherchait un nouveau sport. Il nous raconte comment il en est venu à tenter la qualification aux Paralympiques 2024 de Paris.

Romain, déjà comment tu t’es mis cet objectif en tête ? 

« Je réfléchissais à ce que je pouvais faire après le rugby. Si possible avec un ballon. Et une fois j’étais sur le web, je suis tombé sur des pages internet parlant du handisport. J’ai tout de suite su que c’était pour moi. »

J’ai tout de suite fait des tests chez un médecin pour vérifier que je rentrais dans les critères. Tous les feux étaient au vert. J’ai foncé.

Le handisport c’est assez large, tu as un sport de prédilection ?

« Je me suis renseigné bien sûr. Et un sport me correspond parfaitement : le goalball. Tout le monde joue avec un bandeau sur les yeux, et il y a un ballon. C’est parfait pour moi. Je m’entraîne avec Grenoble handisport maintenant.

J’ai recruté un préparateur physique, on a commencé le travail depuis trois semaines. Quand je ne suis pas à l’entraînement avec mon préparateur ou le club, je fais de la musculation. »

Il y a des dates importantes pour toi dans pas longtemps ?

« Il y a des tests avec la fédération française handisport fin juin. Si je me fais remarquer, je pourrais rentrer en équipe de France, ce qui faciliterait grandement ma qualification pour les Paralympiques. J’ai aussi des tests à Montpellier le 15 juin.

Dans tous les cas, j‘ai encore deux ans pour me qualifier. Mais on ne va pas se mentir, ça ne va pas être simple. Le goalball, c’est super physique, dynamique. En plus, il faut extrêmement faire travailler l’ouïe, c’est très technique.

Il y a pas mal de petites règles, de petites astuces. Cela fait un mois que je bosse sur ce sport, et je ne suis pas encore à l’aise avec tout le règlement. »

Il y a des gars totalement aveugles, ils jouent super bien. Et toujours dans un bon état d’esprit. Ceux-là, je leur tire un énorme coup de chapeau.

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Enfin ne plus se sentir jugé

Comment s’est passée ton intégration dans ton nouveau club ?

« Incroyablement bien. J’ai été frappé dès la première séance par l’acceptation des gens, et par le dépassement de soi sur le terrain. Dans ce groupe, tu ne te sens pas jugé. Je me sens comme dans une famille, alors que ça ne fait qu’un petit mois que je suis là. Il n’y a pas de jugement, beaucoup d’entraide. »

La notion de jugement a l’air d’être très importante pour toi…

Le rugby ça a été une famille, ma vie, pendant des années. Mais le week-end, quand j’arrivais sur le terrain, on me jugeait sur mon œil. Ne plus sentir ce poids sur moi, bien sûr, c’est important.

« Mais il ne faut pas réduire le goalball à ça, juste des gars sympa. C’est un vrai sport, qui mérite beaucoup plus de couverture médiatique. Ce sont de vrais athlètes ceux qui font ce sport. »

Romain Gauci et son meilleur ami, lors du dernier match de notre peut-être prochain représentant aux Paralympiques

Romain Gauci et son meilleur ami, lors du dernier match de notre peut-être prochain représentant aux Paralympiques (©Laurie Magnino)

Beaucoup de sacrifices… Et un entourage soudé

Tu disais que tu avais fait appel à un préparateur, plus les entraînements. Ton planning hebdomadaire a l’air chargé, non ?

« Je veux cette qualif’. Alors oui, je fais des sacrifices. Heureusement, mon entourage m’aide énormément. Ma femme, je ne la vois presque plus, et les deux petits non plus. Pour financer tout ça, j’ai dû prendre un deuxième travail de nuit. J’ai une cagnotte, mais elle ne me suffit pour l’instant pas. Ma femme ne me dit rien. Au contraire.

Elle vient me chercher à 5h du matin si je ne tiens plus debout après le deuxième boulot, quand je rentre du premier et que je fais mes séances de sport elle m’aide, elle me fait des massages pour la récupération…

Ma mère et mon frère (qui joue en Fédérale 1 à Chambéry) me poussent énormément. Heureusement, parce qu’effectivement, j’ai un gros planning. Je fais deux séances par semaine avec mon préparateur physique pro, les autres jours, je fais de la musculation. Mon employeur est derrière moi, il me donne une subvention et aménage mes horaires pour que je puisse m’entraîner. »

Tu sembles satisfait déjà de tes efforts.

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En un mois, j’ai perdu 12 kilos. Rien que ça, c’est énorme. Je ne veux pas en rester là, mais je me connais. Je suis impulsif. Alors je veux aussi prendre une préparatrice mentale, pour m’aider dans la gestion du stress, dans la régularité. Après, j’ai une carotte. Je veux faire ça pour deux grosses raisons. La première, celle qui me donne le plus de force, c’est que je le fais pour mon oncle, Eric, mort il y a peu de temps, et mon petit frère, Mathias qui est décédé il y a neuf ans.

La deuxième, c’est que si je fais tout ça, si je fais des interviews, c’est aussi pour essayer de donner plus de visibilité au goalball et au handisport de manière générale. »

« Puis Thomas, mon petit frère, m’a aussi boosté en me disant « Si tu vas à Paris [en 2024, ndlr], je te suis, H-24, je reste avec toi. Cette phrase-là m’a énormément touché. »


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