Des représentants du personnel soignant du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, en grève, se sont réunis devant le bâtiment de l’Agence régional de santé (ARS), situé chemin du Raisin à Toulouse le mardi 5 mars 2019. Plusieurs services étaient représentés : urgences psychiatriques, urgences adultes, néonatologie, pédiatrie, traumatologie, hématologie, pool de remplacement, etc.
Une cinquantaine de personnes et trois organisations syndicales (CGT, CFDT et SUD) sont venues dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail liée à un manque de moyens humains et matériels.
Les manifestants repoussés par les forces de l’ordre
Les membres du personnel soignant avaient rendez-vous à 9h devant l’ARS. Insatisfaits par le nombre de représentants reçus lors de ces négociations, les manifestants ont tenté de rentrer au sein du bâtiment public. Ils ont été repoussés par les forces de police. Un acte dénoncé par le syndicat CGT CHU par le biais d’une vidéo sur sa page Facebook. D’après le syndicat, une personne a été emmenée aux urgences suite à une douleur à l’œil après l’utilisation de gaz lacrymogène.
Lors de leur dernière action, le jeudi 28 février 2019, ils avaient opéré un barrage filtrant sur le Pont-Neuf, ayant également nécessité l’intervention des forces de l’ordre.
Lire aussi : VIDÉO. En pleine manif, le personnel gréviste du CHU de Toulouse délogé par la police
Davantage de représentants du personnel gréviste ont finalement été reçus. La suite de la manifestation s’est déroulée dans le calme.
La CGT réclame 1500 postes supplémentaires
Ce que dénonce avant tout le personnel gréviste, c’est le manque d’effectifs. Présent devant l’ARS, Julien Terrié, représentant du syndicat CGT CHU Toulouse, s’explique :
Il faudrait 1500 postes supplémentaires, dont 700 pour combler les sous-effectifs et 800 pour les besoins de santé dus à l’explosion de la population de Toulouse ! Pour que cela se fasse, on demande l’annulation de la dette du CHU qui est de 60 millions d’euros par an et l’exonération des impôts (la taxe sur les salaires, ndlr), parce qu’on paye 40 millions chaque année.
Délais trop longs aux urgences
Aux urgences de l’hôpital Purpan, le personnel soignant déplore des délais trop longs concernant la prise en charge des patients. Benoit Dupuy, représentant du syndicat Sud et aide-soignant aux urgences, raconte :
Il y a un temps d’attente moyen de 5h30… On a beaucoup de violences verbales et physiques alors on demande à avoir des effectifs en plus pour prendre en charge les patients. Si on les prend en charge, il n’y aura plus de violence.
Dans nos colonnes, le CHU de Toulouse avait annoncé la mise en place d’une nouvelle organisation devant permettre « une meilleure gestion des flux des patients » et améliorer des conditions de travail, ainsi que d’importants travaux de réaménagement des locaux pour un montant de près d’un million d’euros. L’achat de dix matelas neufs pour des chariots brancards et de trois chariots brancards supplémentaires a également été annoncé par le CHU.
Lire aussi : Toulouse. Grève aux urgences de l’hôpital Purpan : le personnel dénonce un manque de moyens
Crise aux urgences psychiatriques
Du côté des urgences psychiatriques, où un mouvement de grève a été lancé le 21 février 2019, l’infirmier Florent Fabre tire la sonnette d’alarme : son service a subi deux départs d’incendie ces dernières semaines, faute de personnel pour s’occuper des patients.
On est en sous-effectifs ! Nous ne sommes plus assez pour recevoir les patients sous contrainte… Nous demandons un aide-soignant et deux infirmiers, sur 60 agents !
Des places temporaires
« On pense que ce n’est pas la solution », lui répond Valérie Pons-Prêtre, secrétaire générale du CHU Toulouse, qui déplore quant à elle une tension de territoire liée à la filière psy.
Sur les soins sans consentement, c’est une filière qui est saturée. La problématique est de trouver des lits d’aval car quand ils sont saturés, ces patients se retrouvent aux urgences.
La direction du CHU a donc proposé diverses mesures comme l’ouverture d’une dizaine de places temporaires à la clinique Beaupuy ; la mise en place de messages d’alertes pour favoriser le transfert des patients sur des structures privées et des structures publiques périphériques ; la régulation via le Samu ou les pompiers des patients vers d’autres établissements… Des travaux devraient également se terminer cet été aux urgences psy.
Les soignants du CHU de Toulouse sont devant l'Agence régionale de santé pour dénoncer leurs conditions de travail. pic.twitter.com/M0Lv4qygp1
— Florian Moutafian (@FloMoutafian) March 5, 2019
« Une négociation en trompe l’œil »
« On peut envisager des effectifs supplémentaires en matière de liaison ou en gestion de lits : des infirmiers ou des cadres qui sont là pour trouver des solutions », explique Valérie Pons-Prêtre, secrétaire générale du CHU de Toulouse.
Des propositions qui n’ont pas convaincu le personnel soignant présent devant l’Agence régionale de santé ce mardi, comme l’explique Florent Fabre. L’infirmier dénonce « une négociation en trompe l’œil » :
Le jeu de la direction est de nous amener sur des solutions en matière d’organisation qui ne régleront pas le problème. On a un petit coup au moral là parce que cela fait deux semaines que nous sommes en grève. La prochaine étape, c’est de décrocher un rendez-vous avec l’Agence régionale de santé à Montpellier.