Saint-Sernin, cette « fleur de corail que le soleil arrose » chère à Claude Nougaro, se refait une beauté en cette année 2019. La basilique romane, classée depuis 1998 au Patrimoine mondial de l’Unesco au titre des « chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle », connaît une importante série de travaux en cours et à venir, pour un coût global d’1,2 millions d’euros (financé à 60 % par la Ville de Toulouse et à 40 % par l’État par la Direction régionale des affaires culturelles).
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Mises au jour en 1973
En attendant la restauration de la façade nord, celle de l’enfeu qui abrite le tombeau des comtes de Toulouse et l’assainissement des cryptes, l’embellissement des fresques médiévales touche à sa fin. À l’instar des peintures de ce qui reste de la basilique primitive de Saint-Martin de Tours, des abbayes de Cluny (Saône-et-Loire) et de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne) et de l’église de Saint-Lizier (Ariège), celles situées sous la voûte du bras nord du transept de l’édifice toulousain sont toutes aussi rares. Mises au jour lors de précédents travaux en 1973, ces scènes nous plongent au XIIe siècle, au mitan de la construction de l’édifice roman.
Un Agneau pascal entouré de huit anges
On y discerne tout en haut, sous la voûte d’arêtes, un superbe Agneau pascal entouré de huit anges puis en descendant, un Christ dans sa gloire céleste, près desquels se dressent sa mère Marie et son cousin Jean-Baptiste, les prophètes Jérémie et Ezéchiel, ou encore la Résurrection avec l’ange et les trois Marie éplorées de joie. Reste à savoir qui en est l’auteur.
Jean-Louis Rebière, l’architecte en chef des Monuments Historiques de Haute-Garonne, précise :
On ne peut pas le certifier précisément mais par contre, il est vraisemblable que ce soit un seul et unique peintre, peut-être aidé par un atelier.
Des retouches méticuleuses
Ces fresques se distinguent par une pureté du dessin et une exceptionnelle qualité de couleurs. Sous la houlette de Jean-Louis Rebière, Marie-Lys de Castelbajac et Alain Lacoste, le responsable de l’Atelier 32, entreprise gersoise spécialisée dans la restauration de peintures murales et de dorures sur bois, ont effectué durant six mois un travail méticuleux de retouches avec un minimum de pigments.
Des fresques exceptionnelles
Alain Lacoste explique :
L’objectif d’une opération comme celle que nous achevons, comme dans toute restauration actuelle, n’est pas de recréer la peinture telle qu’elle était au XIIe siècle. Certaines parties ont été mutilées et sans doute masquées au XVIIe siècle. Il ne s’agit pas non plus de redonner l’éclat un peu trop brutal des couleurs de ces fresques par des enduits telle que cela avait été imaginé et réalisé dans les années 70 lors de la première restauration. Nous avons préféré enlever ces couches de badigeon qui pouvaient à terme dégrader les pigments initiaux. Seul le bleu initial, plus fragile que les couleurs de terre, a disparu, effacé par le temps.
Restituées au regard du public, ces fresques exceptionnelles seront prochainement mises en lumière.
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Mathieu Arnal