C’est l’histoire d’une petite exploitation maraîchère qui a triplé de volume (de 8 à 25 hectares) en une grosse dizaine d’années. Sans renier ses convictions de départ. En 2007, quand ils ont repris les terres familiales à la ferme de Lévéra, Lydie et Dominique David ont tout de suite fait le pari du bio. Une évidence pour l’ancien salarié agricole, fâché avec les engrais et pesticides, qui a préparé ses terres pendant 4 ans avant de se lancer.
Avec le bio, on nourrit le sol pour qu’il nourrisse la plante alors que dans le conventionnel, on nourrit directement la plante ».
Convaincre les banques
À l’époque, l’agriculture biologique ne fait pas encore recette. Il a fallu convaincre les banques, très réticentes à financer un modèle peu répandu.
Une seule a accepté de nous suivre, à hauteur de 26 000 € ».
Une paille ! Aujourd’hui, les temps ont bien changé.
Quand on demande un tracteur à notre banquier, c’est tout juste s’il ne nous demande pas si on n’en veut pas un deuxième », sourit Lydie David.
« Les gens posent de plus en plus de questions »
Si la petite PME de neuf salariés (ils sont le double à la belle saison) est florissante depuis trois ou quatre ans, il n’en a pas toujours été ainsi.
Les débuts ont été un peu difficiles, même si au bout de trois ans, on a commencé à avoir une clientèle sérieuse avec les marchés, les écoles… Les Amap nous ont aussi bien aidés à décoller », se rappelle Dominique.
Les lourds investissements consentis pour acheter du matériel d’occasion – notamment une belle flotte de 15 tracteurs – ont longtemps plombé la trésorerie.
Nouveau magasin
L’année dernière, les David ont décidé de construire un nouveau magasin pour remplacer l’ancien, trop exigu. Désormais, la clientèle est accueillie dans un vaste espace de 175 m2 quand l’ancien local ne dépassait pas les 55 m2. On y trouve actuellement les choux, courges, pommes de terre, poireaux, carottes et autres salades de l’exploitation, mais aussi des produits de producteurs voisins comme les pommes des Vergers de Brière. « C’était une demande croissante de nos clients ».
Une clientèle qui a évolué avec le temps.
Quand on a démarré, on avait affaire à des gens assez aisés et à des personnes âgées. Aujourd’hui, c’est très varié. Il y a eu un déclic « femmes enceintes » il y a cinq ou six ans. Il y a aussi le phénomène des émissions de cuisine à la télé. Quand un chef présente un produit, vous pouvez être sûrs qu’on va être dévalisé le lendemain », raconte la maraîchère.
La ferme de Lévéra est ouverte à la visite.
C’est important pour pouvoir répondre aux questions de nos clients qui en posent de plus en plus. On peut leur expliquer, par exemple, pourquoi les salades sont plus petites en hiver », enchaîne Dominique David.
Conditions de travail
En parallèle, la ferme de Lévéra travaille progressivement sur l’amélioration des conditions de travail des salariés avec l’acquisition de robots de désherbage, de bineuses perfectionnées.
Aujourd’hui, il n’y a plus une brouette sur l’exploitation. C’est une remorque qui ramène tout au hangar ».
Un projet de bâtiment qui servirait de réfectoire et de pièce de vie aux employés est également à l’étude, mais se heurte pour le moment à des normes administratives.
Quelques regrets
Confrontés à une charge de travail conséquente – « notre plus gros regret, c’est de ne plus pouvoir fournir d’école » – et à des difficultés récurrentes d’embauche de saisonniers, les maraîchers veulent stabiliser l’entreprise. Avant de passer le flambeau dans quelques années à leur fils, Nicolas. Dominique David déplore l’absence de vocation chez les jeunes.
Si on arrêtait de les assommer de paperasses aussi, ce serait déjà un grand pas en avant ».