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Les chrétiens retraités du Lot : des paroles et des actes

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Lucette Verdier : « Vieillir, c'est se faire beau avant la rencontre avec Dieu ». © A. Décup.

Lucette Verdier : « Vieillir, c’est se faire beau avant la rencontre avec Dieu ». © A. Décup.

« Je suis à la retraite ! Que vais-je pouvoir faire maintenant ? » Crainte de se laisser aller sans buts, parfois mêlée d’excitation à l’idée de profiter d’une nouvelle liberté. L’arrivée de la retraite peut être vécue comme un passage difficile. Si ce n’est un petit coup de déprime, une période en tout cas étrange plus ou moins bien vécue selon les personnes. Ce passage est délicat, la vie active s’arrête brutalement. « Ce fut pour moi un choc épouvantable, confie Louis, retraité à Cahors depuis deux ans. Du jour au lendemain, fort de mes compétences professionnelles, je me sentais inutile et même frustré ».

La retraite peut alors être l’occasion d’une nouvelle vie où tout est à réinventer. Envie de ne pas perdre tout lien avec la société, de se rendre utile, surtout si les convictions religieuses sont bien ancrées.

Les 200 adhérents du MCR 46 sont présents et agissent pour panser blessures et désarrois

Au sein de l’Église du Lot, 2 500 à 3 000 bénévoles (statistiques de l’évêché) œuvrent pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Lucette Verdier, co-responsable diocésaine du MCR, est de ceux-là. Chaleureuse et dynamique, derrière ses propos clairs et structurés, se devine la vaste expérience d’enseignante. La relation aux autres la passionne. Elle nous associe aujourd’hui, aux projets du Mouvement des Chrétiens Retraités du Lot réparti en quinze équipes.

Les 200 adhérents, ces petites lueurs au cœur du diocèse, sont présents et agissent, au nom du Christ, pour panser autour d’eux, pauvretés, blessures et désarrois. Elle nous retrace aussi les moments forts des troisièmes Journées du Monde de la Retraite (JMR) qu’elle a vécu à Lourdes en juin 2018, avec un groupe de Lotois. Le fil conducteur était l’encyclique du pape François, Laudate Si. 

Que doit faire le retraité pour ne pas rester en « retrait » de la société ?

Lucette Verdier : Le retraité a du temps disponible. Il peut le partager en se tournant vers l’autre par son accueil, son écoute et son action.

Aux JMR, Michèle Delaunay, ancienne ministre aux personnes âgées, soulignait que « les retraités restent la colonne vertébrale de la cohésion sociale ». Il est donc souhaitable qu’ils s’investissent dans des organismes caritatifs.

Certains donnent de leur temps à des associations communales. D’autres se tournent vers l’Église en entrant par exemple, au Secours catholique, à l’Hospitalité diocésaine. C’est grâce à eux que l’Église peut assurer ses nombreuses missions auprès des services, des paroisses (liturgie, funérailles), des jeunes ou des personnes âgées (visites des maisons de retraites ou des malades à domicile). 

Comment transmettre nos valeurs à notre descendance ?

Les retraités sont les porteurs des valeurs qui permettent à une société de rester humaine et pérenne. Et pour un chrétien, ce sont les valeurs évangéliques. « Vous êtes les racines de vos petits-enfants. Notre génération a besoin de votre confiance » a dit à Lourdes, le jeune Samuel Grzybowski, fondateur de l’association « Coexister ». Cette transmission ne se fait pas en donnant des leçons mais par l’accompagnement et le dialogue.

 Certains retraités parlent de souffrances face aux références des nouvelles générations. Avez-vous des craintes pour nos enfants et petits-enfants ?

Vivre ensemble entre générations, est un véritable défi. Le rabbin Yan Boissière nous a prouvé la nécessité d’une prise de conscience. L’homme post-moderne est en train de changer : il se réfère à des identités diverses. Cette diversité ne doit pas nous effrayer mais doit être considérée comme une richesse : « La volonté de Dieu est diversité » dit l’imam de Bordeaux, Tarek Oubrou.

À nous donc de découvrir la richesse de l’autre et d’accepter qu’il soit détenteur d’une parcelle de la vérité divine. C’est une conversion du cœur. 

Les retraités chrétiens manifestent leur foi en Dieu. Doivent-ils être davantage des porteurs d’espérance ?

Les chrétiens doivent-ils dire encore plus, ce en quoi ils croient ? J’aime bien, à ce sujet, les mots de sœur Emmanuelle qui dans son grand âge, conseillait de « pratiquer la divine douceur » dans le dialogue intergénérationnel.

Cependant nous pouvons agir, comme dans l’écologie intégrale que préconise le pape François en acceptant de changer notre style de vie ne fusse que par de petites actions concrètes. Ou dans le domaine de la santé, affirmer davantage son soutien dans toute recherche qui favorise l’humain ou qui permet de sauver des vies. 

Et concrètement ?

À Lourdes, on nous a demandé de « retrousser nos manches » pour être « des actifs de l’Espérance du Christ » et de prendre trois engagements :

– militer pour le bien-être de la planète, en luttant contre le gaspillage, en consommant des produits locaux, en créant des académies d’écologie intégrale ;

– s’ouvrir aux autres, de religion différente, œuvrer à l’œcuménisme, apprendre à découvrir les richesses de l’étranger ;

– assurer une présence auprès des Anciens ;

– développer des initiatives intergénérationnelles qui sont souvent, des semences d’amour. 

Le retraité se rapproche un peu plus chaque jour, de Dieu. Quelle relation particulière entretenir avec lui ?

Marie de Hennezel, psychologue qui travaille sur « Le bien vieillir », a souligné que « vieillir est une aventure spirituelle ».

Pour le retraité chrétien, il s’agit d’abandonner l’illusion de rester jeune physiquement mais de grandir en intériorité. Pour cela, nous devons accepter de lâcher prise, de nous laisser porter, de cultiver nos émotions positives. En fait vieillir, c’est un temps pour se faire beau avant la grande rencontre avec Dieu.

 Quel défi se donne le MCR du Lot pour les mois à venir ?

Nous allons nous efforcer d’accompagner le grand âge. Nous essayerons d’être attentifs autour de nous et de rester en éveil sur nos proches qui vieillissent de plus en plus longtemps, souvent dans la souffrance.

Nous voudrions « entrer en résistance » contre le consumérisme vorace qu’a décrié le pape le jour de Noël 2018 par des gestes aussi modestes soient-ils.

Je terminerai par « la définition-programme » que l’évêque de Rome lui-même, donne des retraités : « Des Anciens qui sont la réserve de sagesse de nos sociétés ».

ANDRÉ DÉCUP


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