« Nos déchets produiront assez de gaz pour alimenter presque totalement le secteur alençonnais en période estivale. »
D’ici la fin de l’année 2019, le centre d’enfouissement de déchets des Ventes-de-Bourse devrait permettre de produire « 24 Gigawatt-heure par an ». Suffisamment donc pour les besoins actuels, en été, « des bâtiments administratifs, des particuliers et même de l’industrie sur la Communauté urbaine d’Alençon », selon Ronan Ertus, le directeur des activités de stockage du groupe Sita Grand Ouest.
Six unités en France
Ce grand projet porté par Grdf (Gaz réseau distribution France) et l’exploitant SNN-Sita (filiale du groupe Suez) sera opérationnel « à la fin de l’année 2019 ». Les travaux de canalisation sur 15 kilomètres pour relier le centre des Ventes-de-Bourse au réseau de la CUA, situé sur la commune de Valframbert, viennent de débuter.
Le site ornais ne sera que la « sixième unité de ce type en France et la première en Normandie ».
D’importants investissements sur le site
Ouvert en janvier 2013, le centre d’enfouissement de déchets ménagers provenant de tout le département a fait l’objet, durant ses premières années d’activité, de critiques de la part d’élus et d’habitants. Les émanations de gaz polluants et des odeurs désagréables en étaient la cause.
Depuis, l’entreprise gestionnaire a amélioré ses installations pour diminuer les « nuisances olfactives ». Ronan Ertus ajoute :
« Les analyses montrent également que le site respecte tous les critères environnementaux. »
Le groupe poursuit donc ses investissements.
« Boucle courte »
Raymond Herbreteau, maire des Ventes-de-Bourse qui a milité avec les habitants il y a quelques années contre « un site qui était encore mal maîtrisé », accueille « favorablement cette nouvelle ». Pourquoi ?
« Cela devrait mieux nous prémunir des éventuelles fuites de gaz et des odeurs. Les déchets seront mieux recouverts pour augmenter l’effet cocotte-minute et mieux capter le gaz. »
Surtout, les dizaines de milliers de m3 de déchets seront ainsi « valorisées », justifie le directeur des activités de stockage.
« Ce sera en quelque sorte un retour à la source puisque ce sont les déchets des habitants et des entreprises du territoire qui retourneront chez eux, sous une autre forme. »
Une « boucle courte » qui devrait également « permettre d’être un peu moins dépendant des pays qui nous fournissent en gaz naturel comme la Norvège, la Russie ou l’Algérie », indiquait lors de ses voeux le maire de Semallé Jean-Patrick Leroux dont la commune sera concernée par les futurs travaux.
Possibilité de raccordement
Autre argument pour ce projet qui a « valeur d’exemple », selon Ronan Ertus : « les nouvelles canalisations pourraient, à terme, profiter aux communes qui ne sont actuellement pas raccordées au réseau de gaz, comme Le Ménil-Broût, Hauterive, Semallé ou les Ventes-de-Bourse. »
Enfin :
« Il y aura une possibilité de raccordement pour d’éventuels méthaniseurs agricoles. Ce qui permettra aux agriculteurs porteurs de tel projet de diminuer leur coût ».
Un projet à 3 millions d’euros
Pour Suez, qui finance la totalité des travaux, ce coût s’élève à environ 1,5 million d’euros, auquel il faut ajouter l’investissement d’1,5 million d’euros d’une « start-up partenaire » qui se chargera du process de transformation sur site. Le contrat avec le distributeur de gaz est prévu pour une durée de 15 ans.
Ça sent le gaz !
Aux Ventes-de-Bourse, les ordures ménagères sont déposées dans des fosses étanchéifiées, appelées casiers. Elles sont ensuite recouvertes par une couche d’argile de plusieurs mètres. La fermentation produit du méthane, qui est récupéré par des drains, puis brûlé car s’il se disperse en l’état dans l’atmosphère, son impact sur l’environnement est important.
Désormais, ce biogaz brut ne sera plus consumé mais épuré « à l’aide d’une technologie de pointe » pour le débarrasser de ses impuretés, notamment le sulfure d’hydrogène, toxique pour l’environnement et pour la santé. Après cette étape, les propriétés du gaz récupéré sont identiques à celles du gaz fossile. Il peut donc être injecté dans le réseau de gaz de ville. Avant de servir aux bâtiments administratifs, à l’industrie ou aux maisons d’habitation, il est d’abord « odorisé » pour qu’il sente bien… le gaz.