
Un agriculteur de 67 ans a été jugé mercredi 12 décembre pour des maltraitances présumées envers ses animaux. (Archives ©Emile Fouda/Liberté – Le Bonhomme libre.)
En février 2018, sur la commune de Bougy, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Caen (Calvados) le voisinage remarque l’état famélique de vaches dans un champ. Un signalement est adressé à la DDPP (direction départementale de la protection des populations) du Calvados, qui constate des conditions d’élevage catastrophiques et adresse une mise en demeure à l’éleveur. Mais à la seconde inspection, en avril 2018, les choses ne se sont guère améliorées.
Des témoignages édifiants
Marcel* a comparu mercredi 12 décembre 2018 devant le tribunal correctionnel de Caen. Il avait des bêtes à Bougy, Grainville-sur-Odon et Sainte-Honorine-du-Fay. L’audience s’est déroulée en présence d’une représentante de la DDPP et d’un inspecteur régional de la SPA de Basse-Normandie.
La première inspection de la DDPP avait révélé des animaux apathiques, cachexiques (maigreur), certains agonisants au sol parmi les cadavres. Lors de la seconde, de nouveaux cadavres sont découverts, un veau enlisé dans un cours d’eau, mourant, épuisé à force de se débattre. L’abreuvoir est petit alors qu’une bête a besoin de 15 litres d’eau par jour, il y a un manque de nourriture, le foin ne suffisant pas… « Il aurait fallu des compléments alimentaires », explique la représentante de la DDPP. Il est arrivé à Marcel de déposer un round roller (grosse balle de foin de 350 kg) tellement délicatement qu’il en écrase une vache, selon un témoignage.
Quatre-vingt vaches mortes
D’autres témoins racontent avoir vu l’agriculteur tracter un animal qui ne pouvait plus se relever, pattes accrochées à une chaîne, le traînant sur le sol. Des bovins s’échapperaient régulièrement sur la route, représentant un danger pour les usagers. Trois taureaux ont été retrouvés dans des jardins de particuliers. Un tracteur, du matériel de moissonnage pourrissent sur une parcelle, un amoncellement de vieilles batteries, des dépôts d’hydrocarbure…
Quatre-vingt vaches seraient mortes de mauvais traitements. L’éleveur en possède encore plus de deux cents. À l’audience, Marcel se justifie :
Le monde agricole est difficile. J’ai beaucoup de parcelles et puis l’hiver a été très rigoureux. Ça fait 45 ans que je fais ça. Les animaux, je passe ma vie avec.
Le procureur s’emporte : « A raison de quatre-vingt vaches mortes, quand prenez-vous votre retraite ? Vous êtes largement dépassé ! »
Décision en mars 2019
Un total de 300 euros d’amende est requis ainsi que que mois de prison avec sursis. Il est également sollicité une interdiction d’exercer. L’affaire est mise en délibéré au jeudi 14 mars 2019. « D’ici là, le prévient la présidente, produisez des justificatifs prouvant une amélioration ».
*Prénom d’emprunt.