Le tribunal de grande instance de Strasbourg a mis fin mercredi 19 décembre 2018 à un interminable suspense, validant la reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) par le groupe franco-belge Altifort, avec le sauvetage de ses 281 emplois.
L’« excellente nouvelle » a été annoncée par le directeur de l’usine, Franck Dourlens, aux salariés qui l’ont accueillie par des applaudissements nourris lors d’une assemblée générale réunie sous le vaste hangar de l’aciérie.
Je voudrais vous dire toute mon émotion (…). Je pense à vos familles qui ont souffert avec vous », a-t-il lancé.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a qualifié cette décision de « bonne nouvelle » pour l’industrie française.
« Vous avez gardé le cap, le chemin a été long, il y a eu beaucoup de hauts et de bas – surtout des bas – et c’est notre mobilisation (…) qui a fait qu’on est là aujourd’hui avec cette excellente nouvelle. Merci à vous ! », a renchéri le PDG d’Ascoval Cédric Orban.
Ascoval et ses 281 salariés (sont) sauvés ! », s’est-t-il encore réjoui dans un communiqué.
Enfin… le soulagement est immense ici à #Valenciennes & #SaintSaulve car le projet de reprise #Altifort a été accepté – #Ascoval ne fermera pas ! Une pensée émue et affectueuse aux 281 salariés & leurs familles, à leurs représentants & élus locaux qui n’ont rien lâché pic.twitter.com/8u7UtlJsfq
— Laurent Degallaix (@LauDegallaix) December 19, 2018
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140 nouveaux emplois créés
La reprise de l’entreprise « préserve non seulement les emplois d’Ascoval, les 1000 emplois indirects au niveau de la région, mais devrait en créer 140 nouveaux en deux ans sur le site de Saint-Saulve », a-t-il souligné.
Selon lui, « Altifort devient le nouvel actionnaire d’Ascoval avec prise d’effet au 1er février 2019 ».
Cédric Orban a remercié le groupe franco-belge d’avoir lui aussi « gardé le cap avec un projet solide et ambitieux pour Ascoval bien que les obstacles furent nombreux », mais a adressé aussi « un grand merci » au personnel, aux investisseurs privés et publics, à l’Etat ou au patron de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Nous savons maintenant que nous pouvons réaliser des choses extraordinaires tous ensemble et je suis confiant pour l’avenir », s’est-il félicité.
Le directeur général d’Altifort, Bart Gruyaert, seul candidat en lice, avait rappelé le 12 décembre, à l’issue de l’audience de la chambre commerciale, le détail de son offre de reprise, d’un montant de 152 millions d’euros.
Heureuse pour les 281 salariés d’Ascoval St-Saulve. Après des mois d’incertitude, la reprise par Altifort validée par le TGI ouvre de nouvelles perspectives pour ce fleuron régional. Bravo à tous les salariés qui se sont battus pour leur entreprise et à ceux qui les ont soutenus.
— Martine Aubry (@MartineAubry) December 19, 2018
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Proposition alternative
Elle se décompose en 47 millions d’euros de fonds publics « sous forme de prêt » (25 millions de l’Etat, 12 de la région Hauts-de-France et 10 de Valenciennes-Métropole), 35 millions d’apport d’Altifort, 40 millions de crédit-bail pour le financement d’un futur train à fil et 30 millions d’affacturage.
Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l’aciérie de Saint-Saulve attendait un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, à qui le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l’usine, tout en conservant 40% des engagements de commandes.
Fin janvier 2018, le suisse Schmolz+Bickenbach avait acquis la plupart des actifs d’Asco Industries, sans inclure Ascoval dans le périmètre de cette reprise. En conséquence, Ascoval était parti à la recherche de son propre repreneur.
L’offre de départ d’Altifort impliquait que Vallourec maintienne pendant un an et demi son niveau actuel de commandes, mais le sidérurgiste a refusé, obligeant le gouvernement et le groupe franco-belge à travailler sur une proposition alternative avec des sources de financement et des clients supplémentaires.
Constitué il y a quatre ans, Altifort, groupe métallurgique basé à Ham (Somme) et propriété de Stanislas Vigier, son président, et de Bart Gruyaert, a grandi par rachats successifs. Il atteint désormais un effectif de 1500 salariés, dont 1370 en France pour un chiffre d’affaires prévisionnel annoncé de 200 millions d’euros cette année.
Le gouvernement s’est fortement impliqué dans les négociations pour la reprise d’Ascoval, l’Etat s’engageant in fine à apporter 25 millions dans l’escarcelle.
Dès 2015 déjà, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait assuré devant les salariés de l’usine de Saint-Saulve qu’« il n’y aura(it) aucune fermeture de site et aucun départ contraint ».
L’Etat, avait-il précisé, est à la recherche de « partenaires pour entrer au capital de cette aciérie ». La conclusion, au moins provisoire, de cette recherche semée d’embûches est donc intervenue ce mercredi.
Source : © AFP