Le rapport d’activité 2015 de l’EPA (Établissement Public d’Aménagement) Sénart annonce 30 millions de chiffre d’affaire, soit une hausse de 40 % par rapport à 2014. Comment l’expliquez-vous ?
C’est une bonne nouvelle pour l’EPA mais, en réalité, cette hausse est assez conjoncturelle. C’est incroyable et formidable mais je garde la tête froide. Ce bond de 40 % par rapport à 2014 est lié à de grosses opérations de logistique, dont une vente à près de 10 millions d’euros. Il faut maintenant anticiper la suite pour consolider le chiffre d’affaire. En dehors de la logistique, les activités demandent un gros investissement humain. Il faut être vigilant. Rien n’est jamais acquis. Sénart possède un vrai potentiel d’attractivité, lequel est toujours à conforter.
En quoi cette croissance va-t-elle être profitable aux Sénartais ?
L’EPA réinvestit ses bénéfices sur le territoire. Nous ne sommes pas une entreprise classique qui verse ses dividendes aux fonctionnaires. Quand on installe une entreprise sur le territoire, on crée des emplois et les entreprises apportent une fiscalité aux collectivités. Et compte tenu de la qualité et la quantité des équipements – les médiathèques, les espaces culturels, les gymnases – qui sont un atout pour le territoire mais dont le coût de gestion, très élevé, la fiscalité des sociétés s’en trouve impactée.
Et pourtant, les entreprises s’installent quand même à Sénart. Pour quelles raisons ?
Oui, pour autant, elles s’installent à Sénart car le territoire est bien desservi par les transports. Aussi parce que le microcosme local et la mise en réseau dynamisent le développement économique. Et puis, certaines entreprises, comme la fédération des travaux publics sont intéressées par la possibilité de gros volumes.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Je souhaite conforter la stratégie de développement, en terme d’activités économiques diversifiées, en relation avec Grand Paris Sud. Ne pas viser que les entreprises logistiques ou les PME, beaucoup présentes sur le territoire. Mais également, attirer les entreprises de taille intermédiaire. Maintenant, à nous de ne pas nous reposer sur nos lauriers.
Sur le logement ?
Nous allons produire des logements les plus adaptés à la demande des acquéreurs. C’est-à-dire, à la fois des maisons individuelles et des petits logements collectifs, à destination des jeunes, surtout. L’offre est très diversifiée et on peut déjà proposer des produits en haut de gamme comme des biens pour des acquéreurs contraints en capacité d’achat. Sénart compte plusieurs typologies de logements. Globalement, le territoire, en 2016, bénéficie de l’embellie immobilière. Mais il faut être vigilant quant à des risques éventuels de retournement de marché, même si, Sénart, reste un territoire refuge par rapport à un certain nombre de promoteurs. Les prix du marché sont relativement stables sur le territoire.
Mais, à force de construire du logement et des entreprises, ne craignez-vous pas de trop urbaniser un territoire plutôt rural, à l’origine ?
Il y a une pression pour le développement urbain, en Île-de-France, en général. De toute façon, le développement se fait et les opérations ne sont pas toutes publiques. L’avantage d’avoir un établissement d’aménagement public, c’est justement de contenir cette urbanisation. Certes, on construit, mais pas dans un souci de grignotage. Et surtout, en préservant cette qualité environnementale, qui reste l’ADN de Sénart. D’un autre côté, on n’aura plus de transports que si il y a suffisamment de densité urbaine. Le défi, c’est de trouver un bon équilibre, avec les bonnes typologies de logements pour garder une qualité de vie sans excès d’urbanisation.
L’EPA Sénart est candidat dans le cadre de l’appel à projets ‘Inventons la Métropole du Grand Paris’. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un concours du même type que celui qu’avait lancé Anne Hidalgo « Inventer Paris ». Cet appel à projets permettra d’identifier les sites forts à proposer aux investisseurs et promoteurs. Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris, est venu le 30 août dernier, visiter le pôle urbain du Carré Sénart. Ce site possède tous les atouts nécessaires : il dispose d’un foncier immédiatement disponible, d’une large manoeuvre dans la créativité puisque nous serons peu directifs, ce qui laisse une grande place à l’innovation. Le tout, dans un écrin paysager exceptionnel et un pôle qui, avec l’Icam, le théâtre et le centre commercial poursuit son extension. En tout, 115 sites ont été proposés. Les candidatures seront examinées et le résultat est attendu le 10 octobre. À Grand Paris Sud, trois sites ont postulé, mais j’ai bon espoir pour le Carré Sénart.