Quantcast
Channel: actu.fr - Toute l'information nationale, régionale et locale.
Viewing all articles
Browse latest Browse all 18164

Pyrénées : dans la pluie et la neige, du plastique tombe du ciel

$
0
0
C'est dans la vallée de Vicdessos, à 1 425 m d'altitude, dans les Pyrénées ariégeoises que des chercheurs de Toulouse ont mis en évidence des quantités non négligeables de microplastiques.

C’est dans la haute vallée de Vicdessos, à 1 425 m d’altitude, dans les Pyrénées ariégeoises, que des chercheurs de Toulouse ont mis en évidence des quantités non négligeables de microplastiques. (©Illustration / Wikimedia Commons)

Le plastique est une plaie pour la planète. Il s’invite partout, vraiment partout. En témoigne une étude parue lundi 15 avril 2019 dans Nature Geoscience. Des chercheurs toulousains ont en effet découvert des quantités non négligeables de microplastiques dans les Pyrénées ariégeoises, transportés par les vents, la pluie et la neige. Dans la haute vallée de Vicdessos, une zone préservée des activités humaines, à environ 120 km de Toulouse. Explications.

Des plastiques dans les pluies et neiges

Cette équipe internationale constituée de chercheurs du CNRS, des Universités de Toulouse et Orléans et de l’université de Strathclyde en Écosse, a donc mis en évidence des plastiques dans les pluies et neiges tombant dans les Pyrénées. Après avoir récolté des échantillons pendant cinq mois, en Ariège, lors de l’hiver 2017-2018, leur étude a consisté à les analyser pour leur contenu en microplastiques.

365 particules de microplastique par m2 et par jour !

Le résultat est édifiant. L’article scientifique publié dans Nature Geoscience révèle que les pluies et les neiges contiennent un nombre signifiant de microplastiques, invisibles à l’œil nu et d’une taille de moins de 5 mm. Au final, les chercheurs ont décompté un dépôt de plus de 365 particules de microplastiques par m2 par jour.

L’étendue de la distance parcourue par les microplastiques n’est pas encore connue, mais l’analyse de la trajectoire aérienne montre que des fragments voyagent dans l’atmosphère sur au moins une centaine de kilomètres.

Lire aussi : Toulouse. Bientôt, les véhicules les plus polluants ne pourront plus du tout circuler en ville

« Transporté par le vent »

Comment ce plastique peut-il arriver là, dans cette région isolée des Pyrénées ? Steve Allen, chercheur associé au laboratoire EcoLab (CNRS-Université de Toulouse), apporte quelques éléments de réponse :

Il est étonnant et inquiétant de voir autant de particules trouvées sur le site des Pyrénées. Ce que nous pouvons prouver sans équivoque, c’est qu’il est transporté par le vent.

Le chercheur poursuit : « Cela laisse penser que ce n’est pas seulement dans les villes que vous respirez cela, mais qu’il peut aussi se déplacer assez loin des sources. Les déchets plastiques sont l’un des principaux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés à l’échelle mondiale ».

Co-auteur de cette étude, Deonie Allen, également d’EcoLab, précise :

Les facteurs de dégradation du plastique sont assez bien connus, mais les facteurs et les mécanismes de transport – en particulier le transport atmosphérique – des microplastiques apparaissent complexes et constituent un nouveau domaine de recherche. 

Lire aussi : Toulouse met un coup d’arrêt aux barquettes en plastique à la cantine

Un lieu préservé des activités humaines

Car le plus préoccupant dans cette histoire, c’est sans doute que l’étude a été réalisée « dans une région considérée comme relativement préservée des activités humaines actuelles, en raison de son inaccessibilité et de son éloignement des grandes villes et des centres industriels », soulèvent les chercheurs toulousains.

Les prélèvements ont été effectués au niveau de la station météo de Bernadouze, à 1 425 mètres d’altitude, sur la commune de Suc-et-Sentenac (Ariège), dans la haute vallée de Vicdessos. Dans une zone classée Natura 2000, à un peu plus de 5 km du village le plus proche… et à quelque 120 km de la Ville rose.

C'est dans la vallée de Vicdessos, à 1 425 m d'altitude, dans les Pyrénées ariégeoises que des chercheurs de Toulouse ont mis en évidence des quantités non négligeables de microplastiques.

C’est dans la haute vallée de Vicdessos, une zone classée Natura 2000, à un peu plus de 5 km du village le plus proche et à 1425 m d’altitude que les prélèvement ont été effectués. (©Didier Galop/CNRS Photothèque)

Des chiffres comparables… à Paris

Le Dr Gael Le Roux, également d’Ecolab, admet que les chercheurs ont été surpris :

Cette région montagneuse a fait l’objet de nombreuses études interdisciplinaires en écologie et environnement au cours de la dernière décennie (…). Nous ne pouvions anticiper que notre dernière étude révèle de tels niveaux de dépôts de microplastiques dans la pluie.

Steve Allen insiste, lui, sur la période à laquelle a été réalisée l’étude : « Nous avons mesuré les dépôts sur une période de cinq mois au cours de l’hiver, ce qui était significatif car les Pyrénées sont généralement recouvertes de neige et le sol est humide ». Et ce n’est pas franchement rassurant :

Cela rend plus difficile le soulèvement des poussières locales, ce qui pose la question de savoir d’où viennent ces plastiques atmosphériques.

Toujours est-il que ce nombre de 365 particules de microplastique par m2 et par jour dans ces hautes terres d’Ariège est vertigineux. Selon les chercheurs, il est même « comparable à celui mesuré dans des grandes métropoles comme Paris ».

Lire aussi : Des scientifiques de Toulouse vont mesurer la pollution plastique qui passe dans la Garonne


Viewing all articles
Browse latest Browse all 18164

Trending Articles