Cette dernière soirée en boîte de nuit devait clore une semaine de vacances à Malte. Le 6 février, à 5h45 du matin, Titouan Billaud a été interpellé, accusé d’avoir blessé un policier au cours d’une bagarre, puis placé en détention provisoire sur l’île.
Libéré sous caution un mois et demi plus tard, le Vendéen d’origine a pu enfin quitter la petite île de la Méditerranée, vendredi 12 avril, après avoir plaidé coupable. La solution la plus rapide pour reprendre le fil de ses études, à Grenade (Espagne) en échange Erasmus.
Son père Xavier Billaud, joint par actu.fr, ne s’imaginait pas vivre un tel cauchemar : « On pensait qu’il allait seulement rester une nuit en cellule de dégrisement puis qu’il pourrait sortir… »
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« Il a été obligé de plaider coupable »
Pour un pipi dans la rue qui s’est terminé par une altercation avec des policiers, cinq semaines de prison, une période de liberté conditionnelle… et une facture de 20 000 euros. Les aventures de Titouan Billaud à Malte devraient aussi accoucher d’un livre. Xavier, le papa, raconte :
En prison, il a beaucoup écrit. Il a besoin de laver son honneur et d’expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Il a été obligé de plaider coupable pour sortir rapidement, mais il est innocent.
Son fils Titouan, de retour en Espagne ce vendredi, confirme au téléphone : « C’était vraiment dur quand la porte de la cellule s’est refermée derrière moi. En prison, je n’ai jamais vraiment pu me confier. Ecrire m’a fait du bien. En trois mois, j’ai plus appris sur moi et sur les autres qu’en 21 ans. «
La dernière soirée se terminée au poste de police
Originaire de Chavagnes-en-Paillers, l’étudiant nantais avait quitté Grenade pour Malte avec deux copains, Luis l’Espagnol et Matthew le Maltais. Une petite semaine de vacances, avant d’attaquer le deuxième semestre, pensait-il.
Après son ultime soirée en discothèque, la veille du retour, la bande a croisé quatre policiers, alors que le long d’un mur, ils soulagent leur vessie. Alcoolisé, Titouan panique et tente de prendre la poudre d’escampette. « Son seul regret », souffle le papa Xavier.
Les agents le rattrapent vite. L’un d’entre eux se casse un doigt au cours de l’échauffourée. Le début des ennuis. La presse locale se fait l’écho de cette histoire.
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« Je reviens bientôt »
Arrêté, le Vendéen est emmené au poste. Le jeune homme ne mesure pas encore les conséquences de cette nuit agitée :
Je pensais rester en prison une à deux semaines. Après la comparution immédiate, avant de rendre mon téléphone, J’ai réussi à prévenir deux proches, un ami et ma belle-sœur, en leur disant de ne pas inquiéter mes parents. Mon message, c’était « Je reviens bientôt ».
Le coup est rude. Titouan est envoyé à la prison centrale, au milieu de petits et grands criminels. Une épreuve qu’il ne souhaite pas évoquer. Un établissement « digne du Moyen-Âge », évoque son père.
Pas de cravate au tribunal ? Pas d’audience !
Vite transféré à la prison pour jeunes, l’étudiant français subit sans réagir. Il ne parle pas anglais, ne comprend rien à ce qui lui arrive.
Le couperet tombe, il est finalement inculpé : injures, offense et résistance à un représentant de la force publique.
Famille et amis multiplient les allers-retours pour épauler Titouan. Additionnent les avocats, les traducteurs, les rencontres à l’ambassade.
Les premières audiences tournent court. « Parce que ni Titouan, ni le consul ne portaient de cravate et que c’est contraire à la loi. » La justice maltaise est intransigeante.
4000 euros d’amende et deux ans de sursis
Le 15 mars, première victoire. Le Vendéen est libéré sous caution… après cinq semaines sous les verrous.
Il s’installe dans un appartement prêté par la famille de Matthew, son ami maltais. « Il n’avait pas le droit à l’erreur, fait remarquer Xavier. On s’est arrangé pour qu’il ne soit jamais seul et qu’il ne fasse pas de bêtise et reparte en prison. »
Résigné à plaider coupable, Titouan fait confiance à son avocat. Le 28 mars, il sera libre. Le jugement est encore repoussé. « Je ne voyais plus la fin. Ce jour-là, j’ai vraiment cru que j’allais rester bloqué à Malte durant un an.
Le dénouement est finalement arrivé le 11 avril. « Le plus beau jour de ma vie », annonce-t-il.
En prison, lorsque je voyais des avions dans le ciel, j’imaginais mon retour. Alors quand j’ai enfin pu partir, j’étais le plus heureux du monde.
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« Je vais attendre un peu avant de retourner en boîte »
La note reste salée. 4000 euros d’amende et deux ans de prison avec sursis. « Il ne remettra pas les pieds à Malte tout de suite », plaisante son père.
De cette histoire, Titouan veut en sortir grandi. A l’extérieur, ses proches n’ont pas baissé les bras. Ses amis ont même lancé une cagnotte en ligne pour l’aider dans cette épreuve.
En prison, il a croisé le regard de migrants bloqués pour certains depuis de longs mois. Des échanges qui nourriront son bouquin.
A Grenade, l’étudiant en Staps a déjà retrouvé ses repères. Le sportif s’est offert un match de foot avec ses amis. Un bol d’air nécessaire après un long tunnel. « Malte, c’est du passé », tranche-il.
Pour fêter son retour, il a invité quelques amis à son appartement. « Je vais attendre un peu avant de retourner en boîte de nuit. »
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