Il en avait gros sur le cœur vendredi 22 mars 2019. Maxime Vigot est pêcheur depuis toujours, mais la chute du prix de la coquille Saint-Jacques menace son activité, assure-t-il.
Depuis novembre 2018, il est frappé de plein fouet par la déflation d’une denrée qui a pourtant fait la renommée de la cité aux quatre ports.
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« Cela devient intenable. Aujourd’hui, les mareyeurs ne me proposent, au mieux, qu’1,50 € le kilo. Or moi, à moins de 2 €, ça ne sert à rien de sortir » s’insurge le pêcheur.
Pour un prix de vente à 1,50 € le kilo, il va lui rester 1,10 € pour payer son équipage, son carburant et son salaire.
Une profession en danger
Une situation intenable :
« Ce qui m’énerve le plus, c’est que l’on nous achète notre marchandise de moins en moins chère, mais sur les étals le prix, lui, ne change pas. »
À bout, Maxime Vigot assure qu’il serait prêt à vendre lui-même sa pêche à 2 € le kilo directement au consommateur.
« Je me fiche de savoir que je risque une amende. Aujourd’hui, si ça continue, mes marins ne vont pas rester. »
Une impression confirmée par l’un d’entre eux.
« S’il n’y a plus rien à gagner, autant rester à terre, trouver un travail avec des horaires et voir sa famille tous les jours. »
Ce problème de prix de la coquille Saint-Jacques, Dominique Patrix, le conseiller municipal en charge de la pêche pour la Ville de Dieppe (Seine-Maritime), le connaît très bien.
« C’est un problème qui n’est pas spécifique à Dieppe. En baie de Seine, les prix varient entre 1,60 et 1,70 € du kilo. »
Et la problématique n’est pas nouvelle :
« La baisse a commencé en novembre. C’est caricatural mais en novembre, la coquille Saint-Jacques était moins chère que le bulot. »
De multiples causes
Les causes de la déflation sont multiples.
« Il y a l’import de coquille avec les Anglais qui ont des méthodes beaucoup plus industrielles. Mais le vrai problème c’est qu’il y a beaucoup trop d’apport des pêcheurs normands. Il y a simplement trop de coquilles, ce qui fait chuter les prix » explique Dominique Patrix.
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Dieppe fait partie des victimes de cette surabondance. En baie de Seine, les coquillards n’ont parfois besoin que de trente minutes avant d’arriver sur leur zone de pêche et de réaliser leur quota.
« À Dieppe, les pêcheurs partent pour 48 heures, ils vont à 25, 30 milles des côtes pour faire leurs deux tonnes de Saint-Jacques » poursuit Dominique Patrix.
« Forcément, les coûts de carburant sont plus élevés et la baisse des prix n’arrange rien. C’est dommage parce que la coquille de Dieppe est l’une des meilleures sur le marché. »
Des solutions existent
Les solutions à ce problème existent pourtant, mais cela demanderait d’homogénéiser le fonctionnement des ports en Normandie.
« Il faudrait une ouverture des zones de pêche en simultanée et pas en décalé comme ce qui est fait actuellement » détaille Dominique Patrix.
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Mais la loi de l’offre et de la demande, qui régit les prix, est particulièrement rigide.
« Quand le prix du marché descend de cette façon, c’est toujours très compliqué d’inverser la tendance » conclut le conseiller municipal dieppois.