Les Gilets Jaunes se sont retrouvés mardi soir, 26 mars, au QG d’où ils avaient été évacués, dans la journée, à Trélivan, près de Dinan (Côtes d’Armor).
Très remontés, ils ont décidé de se rendre chez le maire, Claude Le Borgne, persuadé qu’il était à l’origine du démantèlement de leur QG quelques heures plus tôt.
Suivis par les gendarmes
A la nuit tombée, ils ont cheminé pendant un bon kilomètre pour atteindre leur objectif, criant quelques slogans hostiles à Macron et Castaner et semant quelques embûches (plots de signalisation et poubelles) pour les voitures de gendarmes qui les suivaient.
La clôture du maire dégradée
Ils ont pu précéder ainsi les autorités et débarquer chez le maire.
Certains d’entre-eux, impatients, ont délabré quelques lattes de la clôture de son jardin.
Rapidement, l’édile est sorti de chez lui, tout en restant, au départ, derrière la porte de sa propriété. Il ne s’est pas démonté. Il leur a aussitôt reproché les dégradations commises mais le groupe niait les faits.
Un plôt jeté dans le jardin
Certains avaient d’ailleurs des propos agressifs tandis que d’autres essayaient de tempérer la situation. Lorsqu’un plot a été jeté dans son jardin, la désapprobation a été quasi unanime.
Les Gilets Jaunes, qui étaient venus sans leur signe de reconnaissance fluo mais avec un drapeau noir de pirate, reprochaient au maire d’avoir signé les arrêtés qui ont conduit à la fermeture du site qu’ils s’étaient appropriés trois mois plus tôt, au lieu-dit Linache, en Trélivan.
« Je n’ai jamais rien signé de tel » a plusieurs fois répété l’élu. » Et pour cause, lui et son épouse étaient rentrés quelques heures plus tôt, de deux semaines de vacances. « Il s’agit d’arrêtés préfectoraux », assène-t-il.
Dépôt de plainte
Claude Le Borgne a déclaré aux Gilets Jaunes qu’il partageait certaines de leurs revendications mais pas leurs méthodes :
Je vais porter plainte pour ce que vous avez fait. C’est un comportement minable, vous n’êtes responsables de rien »,
En réponse, le groupe lui criait un certain desespoir :
On nous bouffe et vous êtes complice. Puisqu’on a détruit notre maison du peuple, on va venir tous les jours chez vous. Nous voulons que vous nous trouviez un nouveau terrain ou revenir à notre QG. »
Un recours contre l’expulsion ?
Les Gilets Jaunes disent d’ailleurs leur intention d’exercer un recours en justice :
« Certes, nous ne sommes pas chez nous mais un héritier, basé à Paris, nous avait autorisé à y être puisque nous remettions ce site en état. L’expulsion s’est faite de manière illégale. »
Le maire leur a répondu qu’il n’avait pas de terrain disponible et que leur mouvement devait choisir une voie politique :
« Vous venez casser et vous voulez que je vous soutienne ? Moi, j’ai milité pendant des années depuis mes 20 ans et si vous faites le 10e de ce que j’ai fait dans ma vie, vous pourrez venir me casser la figure. »
Réponse des plus enclins au dialogue :
« Mais pourquoi parlez vous de violence, on ne veut pas vous casser la figure. On aurait pu brûler votre maison. Nous aussi on s’est fait agresser aujourd’hui. On veut une réunion de conciliation avec vous et la sous-préfète pour trouver des solutions. »
Les Gilets Jaunes reprochaient également au maire de ne jamais être venu les voir à leur QG. « Mais c’est faux, je suis venu à deux reprises et il n’y avait personne », rétorque l’élu.
Son intention était alors de leur annoncer que des riverains étaient excédés des nuisances occasionnées.
« Vous n’êtes même pas au courant des ateliers pour les enfants et du jardin partagé que nous avions mis sur pied », continuaient certains interlocuteurs.
Des coups de pied contre les voitures de gendarmes
Les échanges ont duré pendant de longues minutes. Les gendarmes, venus dans plusieurs véhicules ont constaté les dégâts causés.
Mais une des voitures a aussi fait les frais de quelques coups de pieds et a eu du mal à se dégager de l’attroupement. Une lacrymo a d’ailleurs été sortie.
Plus que jamais déterminés
Le groupe est ensuite reparti tandis que quelques-uns continuaient à discuter avec le maire ou plus loin avec les gendarmes. De retour dans son foyer, Claude Le Borgne recevait un appel téléphonique de la sous-préfète.
Les Gilets Jaunes semblent plus que jamais déterminés :
« Les autorités ont allumé le brasier, on ne va plus se laisser faire. »
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