Le terme poète est souvent employé pour décrire les textes de Valérian Renault. Si son nom ne vous dit rien, il compte pourtant déjà 18 ans de carrière, 5 albums avec son premier groupe Vendeurs d’enclume, une tournée avec la formation CINQ et un album solo, Laisse couler, sorti en 2015.
Une carrière qu’il retracera lors de son concert à Moulins-la-Marche (Orne), vendredi 29 mars 2019 pour Le Printemps de la chanson, seul avec sa guitare. « Il y aura aussi des nouvelles chansons pas encore enregistrées » qui devraient figurer sur son prochain album. Interview.
Comment a évolué votre style depuis le début de votre carrière ?
Valérian Renault : Il y a un contraste énorme avec les Vendeurs d’enclumes, les arrangements ont changé du tout au tout mais c’est le même travail pour les textes. On est passé du maximalisme, avec la liberté de pousser la musicalité à fond, au minimalisme. J’avais envie d’aller chercher ailleurs, à l’extrême opposé, une musique simple et intimiste.
Quelles sont vos inspirations, vos thèmes de prédilection ?
L’humain, les relations humaines, et donc l’amour, la haine, les émotions de la vie, du quotidien. A partir d’une émotion quotidienne on peut extrapoler, en faire quelque chose de beaucoup plus grand. Un chagrin d’amour peut s’apparenter à la fin du monde et une joie qui pourrait paraître futile peut être plus intense, plus universelle. J’utilise les émotions mais mon but est aussi d’en provoquer, j’ai réussi un concert lorsque les gens pleurent et rient.
Avez-vous des modèles de chanteurs ?
Des chanteurs comme Brel, Brassens, Ferré m’ont ému dans mon enfance, j’ai compris qu’une chanson peut aider à vivre, accompagne, peut faire du mal ou bien. Ils m’ont donné envie de faire ça aussi. Chacun entendra des résonances avec les artistes qui m’ont précédé, c’est inévitable, mais je n’ai pas de modèle particulier.
Aux côtés d’autres auteurs-compositeurs comme Guilhem Valayé, Chloé Lacan, Imbert-Imbert ou Nicolas Jules [avec qui il forme le groupe CINQ], êtes-vous la nouvelle génération de la chanson française ?
Pas la nouvelle car nous sommes déjà là depuis plusieurs années, mais une génération. Nous représentons une certaine chanson française, une chanson à texte qui raconte des histoires et des états d’âme. Pour monter le groupe CINQ j’ai contacté des auteurs-compositeurs qui me touchaient, il y a donc sans doute une cohérence.
C’est un courant peu médiatisé mais qui existe depuis 20 ans et touche des gens. J’aime ce contraste, certains sont des stars dans ce milieu mais d’illustres inconnus pour le public. Avec le groupe CINQ, nous avions envie de montrer ces illustres inconnus.
Selon vous, la chanson à texte pourrait-elle revenir mode ou est-ce une musique de niche ?
La chanson à texte n’a jamais vraiment été à la mode. On l’oublie mais à l’époque, Brel n’avait pas le succès des yéyés qui remplissaient les grandes salles. La chanson à texte concerne les passionnés, comme le jazz, mais elle a toujours été là et sera toujours là.
Ce n’est pas grave que ce soit un genre peu médiatisé, mes chansons sonnent mieux dans une salle de 200 personnes que devant 2 000 personnes, pour la proximité, l’échange. Nous avons une démarche authentique et personnelle, tout le contraire d’un style qui veut plaire à tout le monde. Je ne dirais pas que c’est une musique de niche mais elle doit trouver son public un par un.
Pratique
Vendredi 29 mars, 20h30, à la salle des fêtes de Moulins-la-Marche. Tarif : 5 à 8 €. Renseignements et réservations auprès de l’Office de tourisme des Pays de L’Aigle (02 33 24 12 40) ou la Médiathèque intercommunale (02 33 84 82 16).