Moine à l’abbaye de Timadeuc en Bréhan, le frère Irénée a un parcours de vie peu ordinaire. Avant d’entrer dans les ordres, il est militaire de carrière. Sous-lieutenant au 1er REP (Régiment Etranger Parachutiste), il participe au Putsch d’Alger en 1961. Le putsch d’Alger ou putsch des généraux du 21 avril 1961 était une tentative de coup d’Etat, lancée par certains militaires de l’armée française en Algérie dont plusieurs généraux ne souhaitant pas l’abandon de l’Algérie française.
Né le 27 août 1935 à Château-du-Loir (72) – son père exerçait la profession de quincailler-, Irénée Rigolot (de son nom civil Claude Rigolot) ne s’était pas destiné à devenir religieux, et pourtant il est moine bénédictin à l’abbaye cistercienne-trappiste de Bréhan depuis 53 ans… reconnaissant avoir été appelé « par le seigneur ».
« A pied de Château-du-Loir à Timadeuc »
« J’y suis arrivé en 1966, après avoir relié à pied, Château-du-Loir à Bréhan, » explique-t-il. Toutefois, avant de s’engager dans les ordres monastiques, Frère Irénée est militaire de carrière, certifié après un passage au sein de la célèbre école d’officiers qu’est Saint-Cyr à Coëtquidan. Officier à sa sortie de l’école, il se retrouve rapidement sur le théatre des opérations militaires en Algérie.
En 1961, lieutenant affecté au 1er Régiment Etranger Parachutiste, sous les ordres du colonel Guiraud et du commandant de Saint-Marc, il participe au Putsch d’Alger.
J’ai obéi à mes chefs, aux ordres supérieurs… – le colonel Guiraud commandant en titre du 1er REP était en permission – le commandement du régiment avait été confié au commandant Hélie Denoix de Saint Marc, dit Hélie de Saint Marc ».
Il sauve la vie d’un aspirant sous le feu des fellaghas
Nommé commandant d’une compagnie de commandos, Claude Irénée est assez rapidement remarqué par ses supérieurs… Le jeune lieutenant n’a pas froid aux yeux. Il intervient avec fougue sur de nombreux théatre d’opérations…
Donner ma peau à Dieu, donner ma peau pour mon pays… cela a toujours été ancré en moi. »
« Certes, j’étais chef d’une compagnie de commandos mais dans mon esprit, j’étais un soldat, officier de paix… plus que pour faire la guerre ! » appuie Claude Rigolot.
N’empêche qu’au travers des actions menées, Irénée Rigolot se distingue lors de diverses actions et notamment lorsque sous le feu nourri de l’ennemi « des fellaghas », il réussit à sauver la vie d’un aspirant, grièvement blessé, grâce à un appui feu soutenu d’un hélicoptère Sikorsky.
A ce titre, le lieutenant Rigolot bénéficie de citations à l’ordre de la brigade et même de la division. S’il reconnaît avoir été responsable de morts d’hommes (ennemi d’alors), il n’hésite pas non plus à souligner le nombre de vies humaines également sauvées.
Une équipe de Pentathlon, 6è au championnat de France
En 1962, Claude Rigolot est rapatrié en France. Il a contracté la tuberculose et il lui faudra deux années complètes pour se remettre. Stationné à la Communauté administrative de Rennes, il se remet au sport et prépare parallèlement, à l’Université de Rennes, une licence de sociologie.
En 1964, toujours militaire de carrière, il est nommé au 41è Régiment d’infanterie à la Lande d’Ouée comme officier des sports. Il créé d’ailleurs une équipe de pentathlon militaire (Le pentathlon militaire comprend cinq disciplines: tir, course d’obstacles, 50 mètres natation avec obstacles, jet grenades et cross-country de 8 km) de corps de troupe.
Nous avons participé au championnat de France et avons terminé sixième sur une trentaine d’équipes. »
Pour le capitaine Rigolot, « la porte est ouverte pour les étoiles de général, (il avait terminé de neuvième de sa promotion sur 280 officiers dont plusieurs sont devenus généraux) mais le Seigneur en a décidé autrement, il m’a appelé au cœur. »