Livré avec 5 mois de retard, on peut dire que le WB Yeats s’est fait attendre. Jeudi 14 mars, il a commencé à Dublin sa carrière commerciale sur la ligne de Cherbourg, embarquant ses premiers passagers pour 18 heures d’une traversée qui pouvait s’annoncer mouvementée côté météo. Mais les mensurations du navire, avec ses 195 mètres de long, ont permis une nuit plutôt confortable.
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Avec une capacité de 1 800 passagers, 300 voitures et 165 camions, une disposition modulable des 2,8 kilomètres de garage répartis sur quatre ponts, le WB Yeats permet à Irish Ferries d’augmenter très sensiblement ses capacités. L’investissement pour la compagnie Irish Ferries est de 150 millions d’euros.
« 25 % de plus pour les passagers »
Nora Costello, directrice du marketing d’Irish Ferries, a répondu à nos questions.
Que représente pour vous cette première escale commerciale du WB Yeats ?
« C’est un moment très important. Nous apportons avec ce navire une capacité plus importante sur le port de Cherbourg : 25 % de plus pour les passagers par rapport à l’Oscar Wilde, le triple pour le fret. Nous fondons donc beaucoup d’espoirs sur un développement de notre trafic entre la France et l’Irlande. D’autant que, en décidant d’abandonner la desserte de Roscoff, tous nos efforts sont désormais concentrés sur Cherbourg. Peu de ports pouvaient accueillir un bateau si grand, et le port a investi pour nous, en adaptant la passerelle. »
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Il avait en fait été commandé avant le vote britannique sur le Brexit…
« En effet. Le constat que nous avions fait est que l’Oscar Wilde était trop limité en capacité de fret. Nous voulions un navire qui permette de jouer davantage cette complémentarité, cette polyvalence entre fret et tourisme. »
Comment vous êtes-vous préparés au Brexit ? Considérez-vous que cela peut représenter une aubaine ?
« Difficile à dire, les Britanniques eux-mêmes ne savent pas encore ce qui va se passer. Nous travaillons, comme en France, avec les autorités, les ports, pour organiser nos opérations dans des conditions qui pourraient être très difficiles. »
« La régularité des horaires »
Etes-vous prêts à augmenter encore vos capacités, avec une rotation quotidienne sur Cherbourg, si une partie du trafic passant par l’Angleterre se reportait vers cette ligne directe ?
« Nous augmentons déjà très sensiblement nos capacités avec le WB Yeats. Un des intérêts de choisir Cherbourg, pour les transporteurs, c’est la régularité des horaires. C’est un atout apprécié pour le fret. Nous avons aussi l’avantage d’avoir une flotte très flexible. Si demain il y avait de la demande, nous pourrions nous adapter très vite et repositionner un navire. »
Ce navire marque aussi le renouvellement de la flotte d’Irish Ferries…
« Un deuxième ferry mixte, plus grand encore que le WB Yeats, est effectivement en construction au chantier allemand FSG. Il remplacera l’Ulysses, un navire que nous affrétons. Il s’agit pour nous ne nous conformer aux normes Marpol, pour réduire l’impact sur l’environnement. Le WB Yeats est le premier ferry en service en Europe construit avec un système d’épuration d’air. Il dispose aussi d’un système de traitement des eaux de ballast, et il est plus silencieux. Nous venons aussi de recevoir deux prix, pour l’architecture intérieure et la manœuvrabilité du WB Yeats. »
Que va devenir l’Oscar Wilde ?
« Il assure pour le moment le remplacement des navires, en fonction des arrêts techniques. Il sera ensuite lui-même caréné. Pour la suite, aucune décision n’a encore été prise. »