
Dimanche, à Deauville, Jérôme Garcin lira, avec son épouse Anne-Marie Philippe, les correspondances enflammées de l’actrice Maria Casarès et du journaliste et écrivain Albert Camus. (© Rene Saint-Paul Bridgeman Images / DR)
Pour l’Amour en toutes lettres, ce dimanche 17 décembre 2019, Jérôme Garcin sera sur la scène du théâtre du casino Barrière aux côtés de son épouse Anne-Marie Philippe, pour lire les correspondances de Maria Casarès et d’Albert Camus. Chef du service culturel du Nouvel Obs, animateur et producteur de l’émission Le Masque et la Plume sur France Inter, écrivain et président du jury du Prix Livres & Musiques à Deauville, il monte pour la première fois sur scène pour une représentation. Rencontre.
C’est la première fois que vous montez sur scène pour une lecture-spectacle. Qu’est ce qui vous a motivé ?
Je ne vais pas vous mentir, rien ne m’a motivé. Anne-Marie connaissait ma théorie selon laquelle comédien, c’est un métier, mais pas le mien. Quand ils ont eu l’idée de ces correspondances avec Philippe Normand, elle m’a dit : « Tu vas jouer Camus ». Je lui ai répondu : même pas en rêve !
C’est une chose d’improviser devant le micro pour Le Masque et la Plume, c’est une autre d’entrer dans la peau d’un personnage. Finalement, je n’ai pas eu le choix (rires).
En même temps, ses arguments disaient quelque chose de juste. Maria Casarès a joué avec son père (Gérard Philippe ndlr). Albert Camus était ami avec son père. C’est presque une histoire de famille !
Et puis, elle m’a bien dit que ça ne serait qu’une fois. Faire ça à Deauville, dans le Pays d’Auge, cette région qu’on aime tant, c’est beau. C’était joli de ne pas l’abandonner.
Connaissiez-vous bien ces « Correspondances » ?
Oui, j’ai même travaillé dessus. Quand elles sont parues, il y a près de deux ans, c’est moi qui ai choisi les extraits à passer dans le Nouvel Obs.
Donc, je les ai lues et je les connais très bien, du moins par le prisme de mon métier de journaliste.
Vous avez redécouvert différemment ces textes pour la lecture ?
C’est différent, d’autant plus que là, pour une heure de spectacle, on ne garde que peu de lettres de ces larges correspondances. On a dû faire un travail de réduction.
Ce qu’on a gardé ne donne pas toute la mesure de cette incroyable histoire d’amour fou et clandestin entre un écrivain et une comédienne.
On a gardé les lettres les plus passionnelles et intemporelles. On ne suit pas l’histoire réelle, les histoires parallèles où Maria raconte ses pièces, ses films, toute l’histoire littéraire, théâtrale, politique. Ce qui reste pour la lecture de dimanche, c’est l’amour pur.
Comment vous êtes-vous préparé à les lire sur scène ?
Nous n’avons fait que des lectures derrière une table, nous ne nous sommes pas entraînés sur scène. Ça, ça sera dimanche, directement.
Ce n’est pas comme jouer une pièce, là, je vais lire. C’est finalement un peu mon métier. Mais je vais quand même essayer d’être un Camus convaincant dans ma lecture.
C’est une histoire d’amour entre une actrice et un écrivain. Un peu comme Anne-Marie et vous…
C’est vrai mais la différence c’est qu’Anne-Marie n’est pas clandestine et que de notre amour sont nés des enfants. Et puis, notre histoire d’amour est publique.
Ce qui me trouble davantage dans ces deux personnages c’est à quel point ils sont rattachés à la vie d’Anne-Marie. D’ailleurs, dans une lettre qu’Albert Camus écrit à Maria Casarès, il exprime sa jalousie parce que cette dernière a vu Gérard Philippe qu’elle aimait beaucoup.
Du point de vue triangulaire, c’est quelque chose de plutôt joli.
Finalement, l’important n’est pas d’essayer d’être un bon Camus alors…
Cette lecture, c’est surtout pour moi une nouvelle occasion d’assister à la parfaite élocution de la femme que j’ai épousée. Mais là, la voir à mes côtés pour lire des lettres, ça va être différent et magnifique. Ça me touche. Ça sera la Saint-Valentin la plus originale qu’on ait jamais connue. Et c’est bien que ça soit cette année, car nous nous sommes mariés en 1979. Soit, il y a 40 ans.
Pratique
Dimanche 17 février 2019, à 15 h, 30, au théâtre du casino Barrière de Deauville. Possibilité de réserver ses billets dans les différents bureaux d’information touristique de Deauville, Blonville-sur-mer, Villerville et Villers-sur-mer, au Casino Barrière Deauville ou sur www.fnac.com. Durée : 1 h 15. A partir de 9 €.