Cinq personnes, trois hommes et deux femmes, ont été mis en examen à Versailles (Yvelines), ce jeudi 29 novembre. L’information judiciaire a été ouverte pour vol sous la menace d’une arme, séquestration, extorsion de fonds en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment.
L’affaire s’est déroulée à Croissy-sur-Seine (Yvelines), impliquant de nombreux commerçants et artisans de la ville et des alentours. Tous ont été victimes d’un procédé digne des plus grands films de la mafia.
Des prêts à 30% d’intérêts
La tête du réseau, un sexagénaire, avait fait en sorte de créer ou de profiter de difficultés financières pour proposer des prêts à des taux faisant s’évanouir un banquier, parfois jusqu’à 30%. En cas de non remboursement, la bande n’hésitait pas à passer des menaces aux violences.
L’enquête a débuté le 21 mai dernier. Ce soir-là, deux hommes encagoulés et armés pénètrent dans le modeste domicile d’une femme et de sa fille, âgée de 16 ans. Sous la menace, ils se font révéler la cachette des liquidités. Ils repartent avec 2800 euros.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles tiquent. Pourquoi s’en prendre à une famille sans richesse apparente ? Ils s’intéressent à l’ex mari qui circule en Ferrari et en retape deux autres chez lui.
Fin juin début juillet, un homme contacte les enquêteurs. Il craint d’être désigné comme suspect. Il affirme connaître les coupables. Et surtout, il soutient que l’ex mari est au cœur d’une entreprise criminelle, rackettant les commerçants de Croissy-sur-Seine.
Menaces sur les familles et violences
Le nom d’un premier restaurateur revient. Puis d’autres artisans et professionnels installés suivent, du garagiste jusqu’au comptable.
Pratiquement tous décrivent le même procédé, avec des remboursements exorbitants, des menaces envers leur famille et des violences en cas d’impayés.
Les sommes ainsi perdues attendraient plusieurs centaines de milliers d’euros, dépassant parfois le million. Certains se retrouveront contraints de fermer la porte quand d’autres mettront en vente leur propre demeure. L’argent récupéré passait ensuite entre les mains de nourrices ou transitait par différents comptes.
Des hommes de main et des flics corrompus ?
Tous ont peur de la tête de réseau, ancien retraité des postes reconverti dans l’immobilier et la bourse. Car il s’est adjoint les services d’hommes de main, dont un surnommé Le brûlé. Et aucun n’ose déposer plainte. Ils ont appris que deux policiers de la brigade anticriminalité graviteraient dans l’entourage de la bande. Ils n’ont pas confiance.
Les langues des victimes finiront toutefois par se délier devant la police judiciaire.
Pour l’heure, on ignore encore si les mis en cause ont reconnu l’intégralité des faits.
Jeudi soir, certains ont été placés en détention provisoire. D’autres ont été remis en liberté, sous contrôle judiciaire.