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Tribunal. D'abord consommateurs de cannabis, ils deviennent dealers à Gourdon et Souillac

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Le tribunal de Cahors.

Le tribunal de Cahors.

Stéphane* et Eric* consomment du cannabis depuis l’âge de 14 ans. Pour payer leur consommation personnelle, ils dealent de l’herbe et de la résine de cannabis sur Gourdon et Souillac et empochent de belles petites sommes.

Une histoire classique… Le consommateur se transforme petit à petit en dealer.

Cette affaire présentée devant le tribunal de Cahors le 24 janvier 2019 se déroule dans deux petites villes du Lot, Gourdon et Souillac. Les deux prévenus sont jeunes (21 et 19 ans) et se sont connus au CFA du Lot (Centre de Formation des Apprentis).

Trafic à Gourdon et Souillac

Le 21 février 2018 à la gare SNCF de Gourdon, une patrouille de gendarmes remarque deux personnes en pleine transaction. Stéphane, le vendeur de 21 ans, est interpellé. Les gendarmes retrouvent sur lui du cannabis et de l’argent. Une perquisition est menée au domicile de la maman de Stéphane, où il vit. On retrouve dans sa chambre du cannabis et 760 € en liquide, ainsi que du matériel.

Interrogé, Stéphane raconte tout. Il explique se fournir auprès de G, qui est encore mineur, et d’Eric, qui habite Souillac. « Je n’ai jamais acheté plus de 200 grammes » explique Stéphane au tribunal. « 100 g, vous l’achetez combien ? » insiste Vincent Ramette, président du tribunal, devant l’hésitation de Stéphane. « 450, 500 €, par là » finit-il par avouer. « Au total, vous avez donc investi beaucoup d’argent » précise le président.

Les gendarmes poursuivent leur enquête en interpellant Eric à Souillac (le matériel complet pour conditionner la marchandise est retrouvé dans sa chambre). Ce dernier explique qu’il se fournit dans un quartier de Brive, où il achète le cannabis en grosse quantité à un prix moins cher, histoire de se faire un pourcentage sur la revente. Il explique qu’il a investi une fois la somme de 3 000 € pour acheter 500 grammes. Le président du tribunal lui demande comment il a pu réunir une telle somme. « J’avais un peu de côté et en revendant petit à petit. » « Pour récupérer 3 000 €, il faut en vendre des centaines de grammes » fait remarquer le président.

Eric explique aux enquêteurs qu’il revend à Souillac aux « petits, les gens du même âge ». « J’ai toujours fait ça au lycée » explique Eric au tribunal. « Les petits, ce sont les secondes ? Vous les sacrifiez » réplique le président. « S’ils sont consommateurs autant que moi, ce n’est pas de ma faute » répond Eric.

La substitut du procureur s’adresse alors aux deux prévenus. « Vous savez quelle peine vous encourrez ? » « Un an ferme » avance timidement Stéphane. « On peut vous mettre jusqu’à 10 ans ! Et vous savez pourquoi ? Parce que vous mettez en danger la santé des autres ! »

Leur parcours

Depuis que ce trafic a été interrompu, Eric explique qu’il ne fume plus et qu’il s’est inscrit à la Mission Locale (garantie jeune). Stéphane avoue qu’il a arrêté de consommer du cannabis depuis peu et qu’il a eu plus de mal à arrêter, sans pour autant chercher à se faire aider. Il est toujours apprenti.

Eric a un casier vierge. Stéphane s’est déjà fait attraper deux fois pour usage de stupéfiants. Il a suivi deux stages de sensibilisation à la consommation de cannabis, qui n’ont pas eu les effets escomptés.

La même peine pour les deux

La substitut du procureur marque une différence entre les deux prévenus.

Elle demande cinq mois de prison avec sursis/mise à l’épreuve pendant deux ans contre Stéphane, estimant qu’il avait déjà eu des avertissements (les fameux stages). Le tout accompagné d’une obligation de soins et de travail. Pour Eric, elle demande une peine de 4 mois de prison avec sursis/mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de soins et de travail et de suivre un stage de sensibilisation aux dangers du cannabis.

Me Carine Villalongue, avocate d’Eric, sollicite un ajournement de peine. « Il a besoin d’une deuxième chance. Il a pris conscience de ses actes. » L’avocate rappelle le contexte familial difficile dans lequel a évolué son client. « Il est déscolarisé très tôt. Malgré l’ampleur de l’affaire, les gendarmes de Souillac, une ville de 3 500 habitants où tout le monde se connaît, savent qu’il n’est pas un mauvais bougre. Il se reprend. Il est inscrit à la Mission Locale, il a repris le foot en septembre, il passe son permis de conduire, il voit un psychologue. »

Me Lucie Bergès, avocate de Stéphane, revient aussi sur le contexte familial compliqué de son client. « Quand sa mère, le roc de la famille, s’est effondrée, il s’est retrouvé sans encadrement. La consommation de cannabis s’est ancrée dans son quotidien. Il est tombé dans ce petit jeu. Il achète un peu plus pour revendre et payer sa consommation. Dès qu’il est interpellé, il dit tout et donne moult détails. On a le sentiment qu’il est presque soulagé. C’est un primo-délinquant, c’est sa première garde à vue. » Me Bergès précise que son client est apprenti en peinture du bâtiment. « C’est une vocation pour lui. Il a un projet de création d’entreprise. C’est un moyen de réinsertion réelle. »

Stéphane et Eric ont été condamnés par le tribunal de Cahors à 4 mois de prison avec sursis/mise à l’épreuve pendant deux ans. Ils ont l’obligation de se soigner et de travailler et l’interdiction de rentrer en contact.

 

* Les prénoms ont été changés.


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