Emmanuel Macron porte lundi 4 février le grand débat en banlieue parisienne avec un déplacement à Evry-Courcouronnes.
Dans cette commune de 70 000 habitants située à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, il échangera, pour son premier déplacement en banlieue dans le cadre de ce débat, avec environ 300 élus et représentants d’associations franciliens. Jeudi il ira en Saône-et-Loire à la rencontre des jeunes, grands absents du débat jusque-là.
C’est la première fois que le président se rend en banlieue dans le cadre de ce grand débat, pour lequel il a privilégié jusqu’ici des communes rurales ou péri-urbaines. L’Elysée souhaite que « les quartiers se saisissent aussi du grand débat, pour en être des acteurs à part entière ».
En parallèle de ses déplacements, Emmanuel Macron réfléchit à la possible tenue d’un référendum pour sortir de la crise des Gilets jaunes
Selon le Journal du dimanche, le président de la République serait tenté de convoquer un tel référendum dès le 26 mai, jour des élections européennes.
La -ou les questions- proposée aux Français lors de cette consultation pourrait notamment porter sur des sujets institutionnels, comme la réduction du nombre de parlementaires, la reconnaissance du vote blanc ou la limitation du cumul de mandats dans le temps.
« Tout est sur la table, mais rien n’est décidé », a réagi dimanche l’entourage du président auprès de l’AFP.
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Nuisible aux élections européennes ?
La concomitance d’un tel référendum et d’un scrutin européen jugé comme déterminant pour l’avenir de l’UE ne serait pas sans difficulté.
Un ministre, favorable à un référendum à questions multiples mais plutôt en juin ou en septembre, a insisté cette semaine sur le défi logistique que poserait ce double vote. Sans oublier qu’il risquerait d’éclipser les enjeux européens si chers à Emmanuel Macron.
« Je souhaite qu’on parle d’Europe le 26 mai », a d’ailleurs insisté dimanche la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, assurant que le président Macron n’avait « pas encore pris sa décision ».
« Il faut de la clarté et ne pas tout mélanger », a souligné le député LREM Matthieu Orphelin qui juge « pas du tout opportun » d’organiser scrutin européen et référendum en même temps.
D’autres redoutent un vote sanction, voire un « ball-trap contre le président », selon l’expression de l’un de ses proches, l’avocat Jean-Pierre Mignard, quatorze ans après le non français au référendum de 2005 pour une Constitution européenne.
Selon l’eurodéputé EELV Pascal Durand, un référendum le 26 mai est « le rêve de celles et ceux qui veulent renationaliser les élections européennes en un scrutin pro ou anti Emmanuel Macron ».
« Oui, les élections européennes seront un référendum contre Macron et sa politique! », a confirmé en écho le député insoumis Adrien Quatennens.
Le chef de l’Etat, lui-même, avait estimé dimanche dernier qu’un référendum risquait davantage de « déchirer » que d’« éclairer », lui préférant le concept de « délibération permanente ».
Jeudi, il a cependant confié à plusieurs journalistes que la question « fera partie des sujets discutés » et « doit être cogitée ».
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« Complètement bidon »
Selon un élu LR, la décision d’organiser une consultation dès le 26 mai doit être prise très rapidement, dès la semaine prochaine, « car il y a des délais incompressibles ».
Emmanuel Macron aura l’occasion d’aborder le sujet avec les chefs des groupes représentés à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, qu’il recevra tout au long de la semaine.
Gilles Le Gendre, patron des députés LREM, et Christian Jacob, président du groupe LR sont les premiers à être conviés l’Elysée lundi matin. Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) seront reçus mercredi.
L’opposition, déjà, est très critique. La cheffe du Rassemblement national a vu dimanche une « manœuvre » d’Emmanuel Macron pour « détourner l’attention » des élections européennes dans l’hypothèse d’un référendum organisé le même jour.
« Tout cela est complément bidon. Il va recycler sa réforme constitutionnelle », a ajouté Mme Le Pen qui milite, une fois la proportionnelle instaurée, pour une dissolution de l’Assemblée nationale, un scénario écarté par Emmanuel Macron.
Benoît Hamon, chef du mouvement Générations, a estimé qu’on ne peut pas regretter qu’on ne parle pas assez de l’Europe « et organiser le jour de l’élection européenne un référendum qui escamotera les enjeux de cette élection ».
Le patron des Républicains Laurent Wauquiez a lui jugé que M. Macron prend « un grand risque » s’il décide d’organiser un référendum portant sur des sujets « très coupés des préoccupations et des priorités des Français ».
En parallèle de ses échanges avec les responsables politiques, Emmanuel Macron tiendra cette semaine ses cinquième et sixième débats publics, après quatre premiers stand-up marathon en bras de chemise.