En 1944, le hameau de Créac’h Burguy, situé à 600 mètres environ au sud-ouest de Forestic et à 3,5 km à l’est de Kergaradec, jouait malgré lui un rôle dans le dispositif allemand autour de Brest avec un détachement d’infanterie installé autour du hameau – il fut neutralisé le 31 août.
Triste coïncidence, le drame éclata au lendemain du massacre de Penguérec, le 8 août 1944 : les Américains, déjà aux portes de Brest, étaient entrés dans Guipavas, libérant l’est de la commune tandis que l’ouest restait sous contrôle de l’occupant.
La ville fut donc coupée en deux par une ligne de front sur laquelle étaient positionnés, côté allemand, «de jeunes parachutistes SS de la relève, arrivée il y a quelques jours» qui comptaient parmi les éléments fanatisés de l’armée du Reich. Vers 16h, deux coups de feu résonnèrent à Créac’h Burguy. D’où venaient-ils ? Mystère ! «Il y a eu un coup de feu, pas de notre ferme. D’à côté», dit Jean Kermarec, alors âgé de 16 ans.
Représailles
Les représailles allemandes ne se firent pas attendre : les soldats rassemblèrent deux familles, les Kermarec et les Priser, dans une cour de ferme, et les mirent face à une mitrailleuse. Les femmes et les enfants écartés, deux hommes restèrent tenus en joue.
Au même instant, les Allemands incendièrent la ferme des Monot, faisant revenir les ouvriers agricoles qui travaillaient aux champs à proximité : les Allemands en prirent cinq et les envoyèrent rejoindre les deux autres dans la cour de ferme. Peu après, les rafales résonnèrent… «Le soir même, on est revenus chez nous. Mon père et les autres étaient déjà enterrés. Il n’y avait plus rien», conclut Jean Kermarec.
Six autres victimes
Alix de Carbonnières et Antoine Coste ont affirmé dans un livre sur le siège de Brest que les Allemands auraient obligé «les survivants à creuser la tombe de leur camarades assassinés», mais on peut douter de ce point, la source n’étant pas impartiale.
Quelques jours plus tard, six autres victimes des représailles allemandes, dans le quartier de Toralan, s’ajoutèrent aux fusillés de Créac’h Burguy : certains cadavres n’ont toujours pas été retrouvés, autre mystère.
En 2001, une stèle a été érigée en souvenir de ce triste 8 août : cette sombre page de l’histoire fait l’objet d’une commémoration chaque année à Guipavas. Un film intitulé On ne peut pas oublier : 8 août 1944, le massacre de Créac’h Burguy en Guipavas a été réalisé et diffusé à la télévision dans le cadre d’un numéro spécial de l’émission Chemins de traverse en avril 2010.
Benoît Quinquis
Infos pratiques :
Sources : Alix de Carbonnières et Antoine Coste, L’assaut de Brest (août-septembre 1944), Librairie Le Bris, 1951.
Roland Bohn, Chronique d’hier, 1993-1995.
Michel Boucher, Créac’h Burguy en 1944. Jean Kermarec témoigne, Le Télégramme, 27 juillet 2018.