Une rose blanche à la main, ils s’étaient donné rendez-vous à 14h, ce samedi 26 janvier, devant la mairie de Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique). Quelque 350 personnes, selon la gendarmerie, ont participé à la marche blanche organisée par les parents un peu plus d’un mois après le drame.
Sa famille, des amis du lycée de la Joliverie à Saint-Sébastien, des anciens camarades du collège du Lion d’Angers, son ex-établissement, des voisins, des habitants de la ville des bords de Loire, à l’est de Nantes, et des anonymes, tous bouleversés par cet accident survenu le jeudi 20 décembre au soir.
Après avoir été déposé par un bus, Tessa Raimbault, 17 ans, a été mortellement fauchée, rue du Soleil Levant, à proximité de sa maison. En silence, tous se sont rendus sur les lieux de cette tragédie pour accrocher leur fleur, sur un panneau de bois siglé du prénom de l’adolescente.
« Une enfant souriante »
Cet événement avait plusieurs objectifs : d’abord rendre hommage à Tessa Raimbault. « Une enfant souriante et joyeuse« , résumait, dévastée, sa maman, Florence Jouvé. « Très mature aussi. Qui savait déjà ce qu’elle voulait faire après le bac. Un BTS marketing par alternance : elle avait trouvé une entreprise. 2019, était l’année de ses 18 ans. Une très belle année qu’elle ne verra pas ».
Ensuite, elle avait pour but d’interpeller l’opinion public. Car le responsable de l’accident est toujours en fuite. « Il faut qu’on nous aide. Il est très compliqué d’avancer sans savoir ce qu’il s’est réellement passé. Les journées sont longues », confie la quadragénaire qui relance l’appel : « si quelqu’un a vu ou relevé quelque chose, même anecdotique, qui l’a interrogé sur cette portion de route entre 19h15 et 20h30, ce jeudi, veille de vacances scolaires de Noël, qu’il n’hésite pas à alerter la gendarmerie* « .
« Impensable que personne n’est rien vu »
« Pour nous, il est impensable que personne n’est rien vu sur cette chaussée qui reste très passagère à cette heure-ci. En dehors du conducteur, il y a forcément un qui sait », ajoute Christophe Raimbault, le papa. « ça ne va pas nous la ramener, mais on a besoin de comprendre pour continuer à vivre.
Vis à vis du chauffard, les parents assurent être « dans le pardon« . « Je ne suis pas en colère contre cette personne. Je suis dans l’incompréhension qu’il ne se soit pas arrêté. Qu’il vienne nous dire ce qu’il s’est passé : avait-il bu alors que les repas d’entreprise se succèdent à cette période ? En revanche, ne me dites pas qu’il ne s’est pas rendu compte du choc, s’agace la maman. D’abord, parce qu’il a été très violent (ndlr. le corps a été retrouvé à quelques mètres au-delà du fossé). Ensuite, parce que je suis une habituée de la route et même un gros insecte qui frappe le pare-brise, on l’entend. Là, c’était ma fille d’1,65 mètre«
Des faits clarifiés
Enfin, cette marche blanche voulait servir à clarifier les faits. « Pour protéger notre fils, 7 ans, qui entend tout et n’importe quoi à l’école, devenue sa bulle. Ses camarades rapportant ce qu’ils entendent à la maison », indiquait celle qui est arrivée sur les lieux, « deux-trois minutes » après le conducteur de la camionnette qui a prévenu les secours, et qui vivra toute sa vie « avec ces images ». « Non, ma fille ne s’est pas faite agresser. Non, le corps n’a pas été déplacé. Non, on ne s’est pas encore si elle été heurtée par un rétroviseur. Et oui, elle a été tuée sur le coup. C’est un accident« .
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Des parents qui remercient les enquêteurs de la gendarmerie « de mettre beaucoup de moyens » pour retrouver l’individu. Qui n’a pu être repéré sur les caméras de surveillance, encore en cours d’installation.
Après ce rassemblement « aussi touchant que les messages que je reçois », Florence Jouvé a également pesté contre « l’absence d’éclairage et de trottoir » sur ce tronçon longeant une grande parcelle enherbée qui sépare deux zones urbanisées.
Un secteur sans lumière et sans trottoir
« Ils sont 5-6 adolescents de ce nouveau quartier, à faire le trajet depuis l’arrêt de bus. Cela aurait pu arriver à n’importe qui. Certains parents demandent ses équipements depuis un an et demi. Les collectivités perçoivent des taxes d’aménagement : à quoi servent-elles ? Faute de trouver une maison dans le bourg, je m’étais donc éloignée, indique celle qui a emménagé ici il y a un an et demi, tout en sollicitant différents services de cette dangerosité. J’avais pourtant interdit ma fille de passer par là. Préférant un autre chemin, mais c’était plus long. Vous savez comment sont les adolescents, un peu têtus. Donc, je m’arrangeais pour être présent à son arrêt de bus pour la récupérer en voiture. malheureusement, pas ce soir là, où j’ai été retenue par une réunion. C’est la deuxième fois qu’elle passait par là ».
« Elle n’avait pas de gilet jaune », ajoutait son papa qui invitait à passer le message dans toutes les familles et établissements scolaires, de l’importance de porter cet élément de sécurité.
*Contact gendarmerie : 02 40 33 80 17