Lors de l’acte I du mouvement des Gilets jaunes, en novembre dernier, Jean-Marie Renard, maire d’Huberville (Manche), était parmi eux, à Valognes.
C’est mon fils qui m’a dit : Viens avec nous, c’est pour le gasoil. Et je me suis senti concerné. À la base, j’y suis allé pour ça, un peu comme tout le monde… »
Pas de récupération !
Il s’est ainsi fondu dans les rassemblements plusieurs jours, jusqu’à ce que l’arrivée d’un huissier au giratoire devant le centre Leclerc valognais ne douche un peu les ardeurs.
Je ne veux pas porter de jugement, mais je pense que d’autres élus auraient pu davantage se rendre sur les ronds-points pour discuter avec les gens. Cela me paraissait important pour comprendre. Mais attention, hors de toute récupération ! »
Le mardi 20 novembre, un élu local encarté Rassemblement national l’a appris à ses dépens. Il est arrivé ceint de son écharpe tricolore. Une présence d’autant plus culottée que l’édile en question brille depuis des mois par son absence au conseil municipal de Valognes.
Je lui ai dit : ici, on est tous identiques, pas question de venir avec son étiquette ! Et il est reparti mécontent… »
Il est comme ça le maire d’Huberville, franc du collier, un brin impulsif, et sans doute un peu hors système.
Son tracteur pour barrer un rond-point
Si, à tort ou à raison, ses détracteurs le considèrent comme un râleur de première, un empêcheur de tourner en rond, il y a au moins une chose qu’on ne peut pas lui retirer, c’est son engagement plein et entier pour son village de 380 âmes.
Au point de mettre la main à la poche.
En 2018, j’ai dû dépenser personnellement 2 400 € (NDLR : il perçoit comme maire 569 € par mois). Mon propre tracteur sert d’ailleurs un peu à tout ! Pour la corvée communale par exemple, qu’on organise un jour par an.
Mais aussi accessoirement pour aider les Gilets jaunes à barrer un rond-point.
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« Il faut montrer l’exemple »
Évidemment, Jean-Marie Renard a été parmi les premiers maires du coin à mettre à disposition des habitants un cahier de doléances. Même si celui-ci est assez peu noirci pour l’instant, il faut le reconnaître.
Les gens pensent que ça ne va pas servir à grand-chose, mais je les incite à le faire. Je l’ai dit à la galette des Rois ! »
D’une meilleure répartition des richesses à la revalorisation des retraites en passant par la baisse du prix du gasoil, des revendications désormais classiques sont consignées dans le cahier. Monsieur le Maire y souscrit. Il préconise ainsi le gasoil à 1,20 € le litre.
Mais il fait aussi une autre proposition susceptible de faire grincer des dents, et il le sait :
Si on veut rester crédibles, il faut montrer l’exemple… Que tous les élus de France laissent 10 % de leurs annuités. Cet argent pourrait être mis dans la caisse des CCAS, qui intégreraient quelques représentants des Gilets jaunes afin qu’ils aient leur mot à dire et de leur permettre de voir comment ça se passe. Vu la situation, il faut redonner aux gens la confiance dans les politiques. Je ne suis là ni pour l’argent, ni pour le pouvoir, mais parce que je crois à certaines choses… »
Il n’organisera toutefois pas de débat dans sa commune, mais pense se rallier à ce qui se met en place avec Hubert Lefèvre, le président des maires ruraux de la Manche.