D’ici 2022, l’institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), seule structure de l’État encore présente au Haras national du Pin, va retirer du site 21 de ses 28 agents employés à temps plein.
L’annonce en a été faite courant novembre lors d’un conseil d’administration de l’établissement public administratif (EPA) du Haras.
Depuis l’été 2015, l’État reste impliqué dans la gestion du Versailles du cheval, via le ministère de l’agriculture, aux côtés du conseil départemental de l’Orne et de la région Normandie.
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Postes réduits, pas supprimés
C’est peu dire que la décision passe mal. Très mal. « Nous avons été carrément surpris », affirme Christophe de Balorre, président du conseil départemental.
La déclaration du représentant de l’IFCE a été assez brutale, presque même un peu désinvolte. Un sentiment d’abandon, de rupture de contrat prédomine. Cet EPA est le résultat d’un accord, d’une forme de gouvernance à 3, entre le département, la région et l’État. »
Depuis, l’État temporise. Dans un communiqué publié vendredi 11 janvier, le ministère de l’agriculture précise :
Le nombre d’agents mis à disposition du Haras national du Pin par l’IFCE a vocation à évoluer comme les effectifs internes de ce dernier. »
D’après le texte, « il n’est donc pas question de supprimer les postes », seulement « d’en réduire le nombre ».
Rien que cela semble inacceptable. À France Bleu, Séréna Poucet, directrice du Haras du Pin, a indiqué que « nous avons besoin de garder ces personnes et même d’avoir davantage de personnels pour développer des activités touristiques ».
Pour Christophe de Balorre, « il n’y a rien de nouveau. Le ministère confirme qu’il n’a pas de priorité stratégique pour l’IFCE ».
L’entrée du privé ?
Dans le même communiqué, le ministère de l’agriculture met la pression sur ses partenaires :
Il appartient au conseil régional de Normandie et au conseil départemental de l’Orne, majoritaires au conseil d’administration de l’EPA du Haras national du Pin, de définir un projet pour ce dernier. L’État sera à l’écoute des pistes d’évolution envisagées. »
Ce à quoi le patron du département rétorque : « Ils sont gentils. Le projet, ils le connaissent, ils l’ont voté en conseil d’administration. »
En l’occurrence, ce projet s’articulerait autour du développement, « encore plus », des sports équestres, des activités liées à la formation et la recherche, et du tourisme.
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Le Haras du Pin pourrait même laisser entrer des opérateurs privés.
« Le sujet est polémique pour les élus », admet Christophe de Balorre. Mais « l’activité est à intégrer dans la vocation touristique ».
Ce que vient de confirmer la préfète de l’Orne, Chantal Castelnot, à Ouest-France : « On peut déléguer beaucoup de choses à un acteur privé. » En particulier pour l’hôtellerie et la restauration.
Les collectivités locales n’entendent pas en rester là. Avec Hervé Morin, président de la région, Christophe de Balorre a alerté le Premier ministre. Puis Gérard Larcher, président du Sénat, natif de l’Orne.
Il avait aussi parlé du Haras du Pin à Emmanuel Macron, lors de sa visite à Berd’huis en avril 2018.
Il m’y a semblé sensible. Aujourd’hui, on a l’impression qu’il y a un vide sidéral entre le ministère et l’Elysée. Nous espérons que les choses évoluent. »