Joël Jouan faisait partie des proches de Michel Fouchet. Comme lui, il avait été trésorier et même un éphémère président du club d’athlétisme ébroïcien. « Mais c’est bien le terrain qui lui plaisait avant tout, précise Joël Jouan. Et il y est vite retourné. »
« En janvier 2016, à la fin de l’assemblée générale de l’EAC Athlétisme, nous avions fait une énorme dédicace à Michel, qui pour préserver sa santé, ne reprenait pas de licence cette année-là. Après 53 ans passés au club, sans interruption ! Il a, sans aucun doute, la plus longue carrière d’après-guerre. »
Dans cet hommage qu’il a entendu, mais qui résonne aujourd’hui à Évreux comme une épitaphe, on y apprend que ce grand découvreur de talents, spécialiste du saut en hauteur et du demi-fond, avait d’abord été un excellent athlète.
Champion de Normandie en 1963 à Mézidon
« Michel Fouchet était doté d’une belle foulée. Il avait été repéré en 1962 par Christian Lierville, qui lui avait fait signer sa première licence au club. » Un club qu’il ne quittera plus.
« Jeune cadet, Michel est devenu champion de Normandie dès 1963 à Mézidon, devant le prometteur dieppois Jean-Paul Villain. Sur la piste, il enchaînait les chronos. Il a d’ailleurs établi plusieurs records du club, qu’il fera plus tard améliorer par ses poulains. »
Très tôt, Michel Fouchet a souhaité redonner et s’occuper des autres. « En 1967, à son retour du service militaire, il a continué de courir mais s’est surtout consacré à l’encadrement du demi-fond ébroïcien, qui retrouvait, en quelques années, vitalité et succès. Hervé Lélias, toujours sur la table des records depuis 45 ans, illustre ce renouveau. »
Mais en octobre 1968 aux Jeux de Mexico, l’américain Dick Fosbury réinvente le saut en hauteur.
« Sa technique avait bluffé Michel. Une passion pour le saut en hauteur venait de naître. Elle ne le lâchera plus ! »
Aux JO de Montréal en 1976
Diplômé fédéral 3e degré, spécialité sauts, une nouvelle aventure commence. « Il a lancé sa carrière d’entraîneur avec la cadette Claire Rougeole (1, 62 m) et le junior Philippe Martin (2,16 m). Il y eut ensuite les champions minimes Guy Fleury et Claude Gourmaud. »
Mais c’est avec Jacques Aletti (2, 21 m) qu’il emmena aux Jeux de Montréal en 1976, puis avec Isabelle Chevallier (1, 90 m), qui ne s’arrêta qu’à quelques infimes centimètres des J.O. d’Atlanta, 20 ans plus tard, que Michel Fouchet connut ses plus beaux faits d’arme, dans la discrétion, toutefois, qui le caractérisait.
Vinrent ensuite Bacary Dième (2, 14 m), Mathieu Gomis (2, 18 m) ou encore, en 2006, Lucie Finez, forte d’un record à 1, 90 m. « Cette dernière disait de lui que sa grande qualité, c’est de faire d’abord attention à l’athlète, puis ensuite à la performance. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui aimait autant la hauteur que lui ! »
Joël Jouan ne tarit pas d’éloges sur son ami.
« C’est l’Éaciste de toujours. Le bénévole de plus d’un demi-siècle, le comptable, le trésorier, le président, le juge, et surtout le maître, le magicien du saut en hauteur à la cinquantaine de capes internationales. Dans l’histoire de l’Évreux AC, son passage restera gravé, au même titre que le champion Roger Rochard ou l’incontournable Christian Lierville. »
Michel Fouchet donnait également de précieux coups de main en préparation physique. Notamment aux volleyeuses de l’EVB, entraînées alors par son fils Emmanuel.
La rédaction adresse ses plus sincères condoléances à Marie-France, son épouse, à ses enfants et petits-enfants et à l’ensemble des proches touchés par cette cruelle disparition.
Une cérémonie d’adieu aura lieu ce jeudi 29 novembre 2018, à 14 h 30, en l’église de Navarre.