Vu que la tendance actuelle est aux revendications tous azimuts, pourquoi ne pas en profiter pour demander aussi plus de jours fériés ? Actuellement, la France (excepté la Moselle, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Guadeloupe, la Martinique, Wallis-et-Futuna, la Guyane, la Réunion et la Polynésie française) en compte onze, définis par le Code du travail (article L3133-1) : le 1er janvier (Nouvel An) ; le lundi de Pâques (entre le 22 mars et le 25 avril, jour célébrant la résurrection de Jésus) ; le 1er-Mai (fête du Travail, seul jour férié chômé et payé) ; le 8-Mai (fête de la Victoire de 1945) ; le jeudi de l’Ascension (40 jours après Pâques, célébrant la montée du Christ au ciel) ; le lundi de Pentecôte (50 jours après Pâques, commémorant la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, devenue pour beaucoup la journée de Solidarité) ; le 14-Juillet (Fête nationale), L’Assomption, le 15 août (célébrant la montée au ciel de Marie, la mère de Jésus) ; la Toussaint, le 1er novembre (fête de tous les saints, devenue par usage la fête des morts) ; le 11-Novembre (armistice de 1918) et Noël le 25 décembre.
Les fêtes civiles apparaissent au XIXe siècle
Durant l’Ancien Régime, Il existait de très nombreuses fêtes religieuses obligatoirement chômées. Elles ont été ramenées à quatre (Noël, Toussaint, Ascension, Assomption) au XIXe siècle suivant l’induit du cardinal Battista Caprana du 9 avril 1802 (les lundis de Pâques et de Pentecôte seront réintroduits par la loi du 8 mars 1886). En contrepartie, le législateur a introduit des fêtes civiles mais qui n’étaient pas obligatoirement fériées, excepté le 1er-Mai.
Certains de nos compatriotes bénéficient déjà de jours fériés supplémentaires : Vendredi Saint (deux jours avant Pâques, soit le 19 avril 2019) et Saint-Etienne (26 décembre) pour les Alsaciens-Lorrains ; abolition de l’esclavage (27 mai) pour les Guadeloupéens ; abolition de l’esclavage (22 mai) et fête Victor Schoelcher (21 juillet – le député Victor Schœlcher fut à l’origine de l’abolition de l’esclavage) pour les Martiniquais ; Saint-Pierre Chanel (28 juin) ; fête du Territoire (29 juillet) pour les Wallis-et-Futuniens ; abolition de l’esclavage (10 juin) pour les Guyanais ; abolition de l’esclavage (20 décembre) pour les Réunionnais ; arrivée de l’Évangile (5 mars), Vendredi Saint et fête de l’Autonomie interne (29 juin) pour les Polynésiens.
Mais on pourrait aller beaucoup plus loin et ajouter des jours fériés à cette liste bien maigrichonne, n’en déplaise au Medef ou autre organisation patronale qui trouve qu’on en a déjà beaucoup trop. Précisons que la France n’est pas sur la première Marche du podium dans ce domaine. Fêtes religieuses et civiles, victoires militaires, grandes batailles… le choix ne manque pas. Alors soyons fous dans un monde de folie !
Fêtes religieuses
On le voit bien, en France, les jours fériés issus des fêtes religieuses sont liés au catholicisme. Pourtant, notre pays ayant décrété en 1905 la séparation des Églises et de l’État, il paraîtrait plus équitable de s’ouvrir aujourd’hui aux autres grandes religions monothéistes.
Les orthodoxes ont des fêtes communes avec les catholiques mais pas toujours aux mêmes dates. À celles de Pâques, Ascension, Pentecôte et Assomption (appelée Dormition de la sainte Vierge) et Noël, on pourrait ajouter la présentation du Christ au temple le 2 février ; la nativité de la Vierge Marie, le 8 septembre ; l’exaltation de la Sainte-Croix, le 14 septembre ou encore et la fête de la Réformation (célébrée aussi par les protestants), le dernier dimanche d’octobre (en 2019, le 27 octobre).
Yom Kippour et les autres fêtes juives
Le judaïsme célèbre de nombreuses fêtes, dont les dates fluctuent en fonction du calendrier hébraïque basé sur les cycles de la lune et du soleil. En 2019, on fêtera Pourim (fête de la Délivrance au carnaval), jeudi 21 mars ; Pessa’h (Pâques juive, elle commémore l’exode hors d’Egypte et la naissance d’Israël en tant que peuple), du vendredi 19 au samedi 27 avril (férié les 20 et 21 et 26 et 27 avril) ; Chavouot (commémoration du don de la Torah sur le mont Sinaï), du samedi 8 au lundi 10 juin ; Roch Hachana (Nouvel An) du dimanche 29 septembre au mardi 1er octobre ; Yom Kippour (le Grand pardon), mardi 8 et mercredi 9 octobre ; Souccot (la fête des Tentes qui rappelle l’errance dans le Sinaï), du dimanche 13 au dimanche 20 octobre ; Shim’hat Torah (joie de la Torah), du dimanche 20 au mardi 22 octobre (férié 14 et 15 octobre).
De Mahommet à Bouddha
Les fêtes de l’Islam se basent sur le calendrier hégirien qui débute avec la naissance du prophète Mahommet, le Mawlid. En 2018, c’était le 21 novembre. En 2019, on célébrera Lailat al Miraj (Al-Isra), mercredi 3 avril ; le Ramadan du dimanche 5 mai au mardi 4 juin (non férié) ; Laylat al-Qdar (Nuit du destin), samedi 1er juin ; Aïd el-Fitr (fête de la Rupture qui marque la fin du Ramadan), mercredi 5 juin ; Aïd el-Kébir (fête du Sacrifice), dimanche 11 août ; Raas Assana (changement d’année), dimanche 1er septembre ; Achoura, lundi 9 septembre. Une nouvelle année commencera avec Mawlid, dimanche 10 novembre.
À cette liste non exhaustive, on pourrait encore ajouter Divali, la fête des Lumières hindoue qui s’étend sur cinq jours mais dont le plus important est le troisième jour appelé le Grand Divali. En 2019, ce sera le dimanche 27 octobre. Mais aussi Vesak ou Visakha, la principale fête bouddhiste qui sert à célébrer la naissance, l’éveil et l’extinction de Bouddha. En France, elle aura lieu mercredi 29 mai 2019.
Fêtes civiles
Parmi les nombreuses fêtes civiles, on pourrait aussi mettre à l’honneur le 28 janvier (1921), inhumation du soldat inconnu ; la Journée de la femme, le 8 mars ; le 21 mars (1804), jour de la promulgation du Code civil ; la Journée de l’Europe, le 9 mai (anniversaire de la déclaration Schuman) ; la Journée annuelle de la mémoire de l’esclavage, le 10 mai ; la Journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine, le 8 juin ; le 29 juillet (1881), la loi sur la liberté de la presse ; le 18 septembre (1981), l’abolition de la peine de mort ; le 5 octobre (1944), date à laquelle les femmes acquièrent (enfin) le droit de vote ; la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre ; la Journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, le 5 décembre ; la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le 10 décembre (1948). Le jour anniversaire de chacun pourrait également être férié.
Saint-Valentin et Académie française
Plus insolites, nous pourrions aussi choisir de considérer la Saint-Valentin (14 février) comme un jour férié, comme cela se fait d’ailleurs au Pérou (il paraît que cela sert à promouvoir le tourisme), de même que le 7 janvier (1785) date de la première traversée de la Manche en ballon ; le 29 janvier (1635) qui vit la fondation de l’Académie française par le cardinal Richelieu ; le 17 décembre (1922) qui marqua la première traversée du Sahara, entre Touggourt (Algérie) et Tombouctou (Mali) par une autochenille B2 fabriquée par Citroën.
Fêtes militaires
Pourquoi se contenter de célébrer l’armistice de la Première guerre mondiale et la victoire de 1945 ? Certes, ce sont les victoires les plus récentes et les plus marquantes dans les mémoires mais les très nombreuses batailles qui se sont déroulées sur notre territoire ou à l’extérieur ont participé à sa construction. On a sélectionné les plus emblématiques.
7 janvier (1558), siège de Calais mené par le duc de Guise qui permit de reprendre la ville de Calais après 210 ans d’occupation anglaise.
23 janvier (52 avant Jésus-Christ), insurrection des Gaules menée par Vercingétorix.
23 mars (1351), combat des trente (entre Ploërmel et Josselin), un des hauts faits de l’histoire bretonne qui opposa 30 chevaliers franco-bretons (commandés par Jean de Beaumanoir) à 30 chevaliers anglo-germano-bretons (commandés par Richard de Bramborough).
29 avril (1429), entrée de Jeanne d’Arc à Orléans, libéré le 8 mai 1429
Vercingétorix, Jeanne d’Arc & Co
30 mars (1856), signature du traité de paix qui mit fin à la guerre de Crimée commencée le 27 mars 1854.
30 avril (1598), l’édit de Nantes qui mit fin aux guerres de religion.
6 juillet (1809), bataille de Wagram (Autriche), décisive pour l’issue de la guerre de la Cinquième coalition.
20 juillet (911), siège de Chartres qui conduisit au traité de Saint-Clair-sur-Epte qui donna naissance au futur duché de Normandie.
10 août (843), traité de Verdun, l’un des principaux actes fondateurs de ce qui deviendra la France avec le partage, par les petits-fils de Charlemagne, de ses territoires.
Marignan, Hastings et Austerlitz
14 septembre (1515), bataille de Marignan.
14 octobre (1066), bataille d’Hastings. Sur le sol anglais, Guillaume le Conquérant remporte une victoire décisive contre le roi d’Angleterre Harold Godwinson ou un autre 14 octobre (1806), bataille d’Iéna (Allemagne) où Napoléon Ier bat les troupes prussiennes.
2 décembre (1805), bataille d’Austerlitz (sud de la Moravie), Napoléon Ier bat les forces austro-russes de l’empereur François Ier d’Autriche et du Saint Empire et de l’empereur russe Alexandre Ier, mettant fin à la Troisième coalition.
4 décembre (1259), le traité de Paris (ou traité d’Abbeville) mit fin au conflit qui durait depuis plus d’un siècle entre les Capétiens et les Plantagenêt.
Cette liste est loin d’être exhaustive mais si on l’appliquait, on n’en ficherait pas lourd !